Chronique | Oomph! - XXV

Pierre Sopor 31 juillet 2015

Cela fait plus de dix ans maintenant que OOMPH! a su conquérir le monde avec des hits comme Augen Auf ! ou Gott Ist Ein Popstar, donc qu'on se mette bien d'accord : à la fin de cette phrase, on n'évoquera plus le metal industriel / EBM ultra agressif des débuts, définitivement derrière. Et pourtant, impossible d'évoquer le groupe allemand sans parler d'évolution, car si il y'a bien quelque chose qu'on ne peut pas leur reprocher c'est de stagner. OOMPH! continue de grandir, d'explorer, et de surprendre. Leur dernier album en date, Des Wahnsisns Fette Beute avait déstabilisé par son ton décalé, très second degré. Et d'entrée, XXV sonne moins déconnant. Dein Retter, sombre et martiale, ouvre la voie à Alles Aus Liebe, un single ni festif ni léger : Dero fait sa méchante voix grave le temps de couplets tranchants. Pas de panique, cependant : OOMPH! reste OOMPH! et les refrains se font bien plus sirupeux : si la France avait de vraies radios, ce single y serait diffusé en boucle. Et c'est d'ailleurs ce qu'on peut dire de l'ensemble de l'album : certes OOMPH! renoue avec un ton plus sombre familier, plombé par des gros riffs énervés, mais les mélodies viennent systématiquement adoucir et alléger le tout, qu'il s'agisse de la théâtrale et barrée Jetzt Oder Nie, Fleisch Und Fell et sa mélodie quasi féerique, ou la plus intimiste Leis Ganz Leis qui conclue l'album. OOMPH! flirte avec le symphonique, et on n'échappe pas aux sucreries indigestes telle Als Wärs Das Letzte Mal : on a beau savoir que c'est calibré pile poil pour faire pleurer les fans de MYLÈNE FARMER les plus jeunes, c'est accrocheur. Le savoir-faire du groupe est indéniable, et si chaque morceau fonctionne plutôt bien, XXV a pourtant du mal à passer l'épreuve d'une écoute entière. Il en ressort en effet l'impression d'une formule qui se répète sans fin : l'alternance quasi systématique entre les riffs menaçants des couplets et les envolées lyriques et orchestrales sur des refrains dégoulinant d'émotion. L'ensemble, bien trop long et uniforme, manque d'un gros hit fédérateur, d'un morceau qui se détacherait du lot, et à force perd en sincérité. Si musicalement les petits gars de OOMPH!, en bons artisans, réussissent toujours à nous pondre un album bien fait, l'ensemble finit par manquer de sincérité. Alors que les riffs agressifs auraient gagné à être plus explosifs, plus en avant, les passages plus émotifs finissent par sembler aussi mièvres qu'une scène tragique d'un film familial où l'on sait très bien qu'en fait non, le chien du petit garçon n'est pas mort. C'est dommage, car les morceaux que composent XXV sont loin d'être mauvais, et s'écoutent pour la plupart avec un certain plaisir. Mais c'est sur la durée que l'intérêt s'épuise, et la répétition de la formule finit par nuire à l'ensemble. Bref, OOMPH! fait du OOMPH! comme depuis une grosse décennie: c'est propre, solide, accrocheur, mais ça frôle l'insipide et manque cruellement de l'étincelle de folie qui vient d'habitude sublimer leur travail.