Chronique | Jack Maniak - Maniaktivity

Pierre Sopor 22 novembre 2020

Courant 2017, on découvrait JACK MANIAK via l'album Code 403 et sa synthwave décomplexée, dont la nostalgie 80's si tendance était chamboulée par quelques guitares acérées. On y faisait également la connaissance de Jack, un gamin qui sauvait le monde d'une invasion extra-terrestre (à l'époque, c'était un pré-requis pour entrer dans l'age adulte).

De retour avec un généreux EP de 5 titres, JACK MANIAK nous propose une nouvelle plongée de 25 minutes dans son univers fait de beats dansants, de synthés cosmiques, de guitares électriques bigarrées, de coupes mulet et de vilains gremlins. Un changement notable a eu lieu depuis Code 403 : chaque morceau a droit à des paroles grâce au chant de Lionel Nardari (IDENSITY) et Krys Fruit-denhez (OMRADE), deux gaillards eux aussi issu du petit monde des métalleux et qui viennent se déhancher pour nous.

Maniaktivity file à toute berzingue, telle une fiat panda d'époque. On est cueillis par A Simple Boy et sa mélodie lumineuse, un tantinet kitch et ce chant synthpop à la mélancolie à la fois rassurante et nostalgique. Aucun orage en vue ? JACK MANIAK cache son jeu et lâche les fauves à cordes un peu avant la moitié du morceau. Méchantes guitares, beats agressifs, chant guttural menaçant : l'horizon s'assombrit brutalement, pour notre plus grand bonheur. C'est là toute la force de Maniaktivity : nous proposer un nid douillet, un terrain connu (celui de la synthwave dansante, sympathique et gentiment passéiste) pour mieux nous y secouer en y apportant ici ou là distorsion, tumulte et surprise. On peut ajouter à cela la dimension narrative apportée par le chant (cette méchante grosse voix sur Reptilian Brian) et quelques délires sonores justement réclamés par cette narration (les chœurs mystiques au début du morceau titre).

Dans cet EP, JACK MANIAK ne prend jamais le temps de souffler et maintient son rythme entraînant de bout en bout. Tout cela est hautement divertissant et assez malin pour respecter les codes du genre tout en s'amusant avec. Le chant apporte d'ailleurs une nouvelle dimension au projet, lui insufflant des émotions nouvelles avec justesse. Véritable mini-album attachant, Maniaktivity est à l'image d'une série B pour ados de l'époque : c'est un peu kitch, mais on y va dans la bonne humeur et, finalement, malgré un carcan stylistique clairement défini, avec une audace et une envie rafraichissante.