Chronique | Iterum Nata - From The Infinite Light

Maxine 11 mars 2024

Iterum Nata est le projet de Jesse Heikkinen (The Abbey, Hexvessel...) situé entre un néofolk psychédélique et un rock progressif ésotérique qui après Trench Of Loneliness sorti en 2023 nous replonge dans une fascinante introspection avec From The Infinite light dont la sortie est prévue chez Nordvis le 15 mars 2024. Cette fois, il n'est plus seul au commande, il s'est entouré de Matron Thorn (Benighted in Sodom, Ævangelist), Rob Coffinshaker (The Coffinshakers) ainsi que de l'auteur Richard Kaczynski ce qui étoffe considérablement cet univers mystique, magnifiquement mis en beauté par le photographe Kjetil Karlsen qui a réalisé l'artwork.

Qu'est ce qui peut bien jaillir d'une explosion de lumière? Hormis peut-être le chaos, From The Infinite Light comme son nom l'indique semble lui aussi sorti tout droit d'une lueur certes tapie dans l'ombre mais éternelle. L'artiste présente son œuvre comme un "concept qui explore la naissance des ténèbres et de la mort" et si cela nous prépare déjà pour la suite, il s'agit dès les premières écoutes d'une plongée finalement tout en douceur dans une noirceur en toute intimité.

L'entrée se fait sur une aura mystérieusement théâtrale qui voit éclore un funambule en perdition empreint de désespoir, marchant sur des notes parfois dansantes, qui tendent même vers un mélange entre pop-rock et black metal sur This Gleaming Eternity avant de se perdre dans des boucles languissantes parsemées d'une affliction palpable et d'une mélancolie déchirante comme sur le très beau A Manifested Nightmare. Iterum Nata nous porte tel un équilibriste sur le fil, entre lumière et ténèbres simultanément, en gardant quand même pour ultime mesure de conquérir la douleur quoi qu'il arrive.

Le chant, parfois spectral à la Dead Can Dance (comme sur Ambrosia emprunt d'une magie envoûtante), parfois intense à la Nick Cave (A Darkness Within aux rythmes plus feutrés) participe à cette immersion introspective et nous accompagne lors de cette lente chute vers la folie enveloppée dans un manteau de velours. Le but n'est pas de nous étouffer mais de nous marier avec la mort naturellement, comme finalité de toute vie, un retour à la non-conscience d'avant la naissance comme une fusion avec le néant, qui signifie peut-être le début d'autre chose...ou peut-être pas. En attendant cet album à l'équilibre ciselé s'adapte à toutes les humeurs du jour ou de la nuit qu'elles soient moroses ou pleines d'espoir, et cette justesse est assez rare pour être soulignée.