Chronique | Ghoultown - Ghost of the Southern Son

Pierre Sopor 10 juillet 2017

En 18 ans d'existence, GHOULTOWN en est déjà à son cinquième album,  convoquant les grandes figures traditionnelles du western et arrosant le tout d'une bonne louche de bandits pendus, fantômes, morts-vivants ou loups-garou à la sauce gothabilly. GHOULTOWN, c'est un peu JOHNNY CASH version train fantôme, quoi.

Avec Ghost of the Southern Son, on savait plus ou moins à quoi s'attendre, et on n'est pas trompés sur la marchandise. Tout l'album sent la santiag qui a macéré dans la tequila, et le groupe nous sert son habituel mélange de gothic rock et country. Guitares lugubres et cuivres plantent le décor sur Apparition : ce sera sombre, et bien ancré dans l'Amérique profonde. L'album alterne entre morceaux rapides, comme une chevauchée avec le diable (Southern SonI Am the Night) et titres plus lourds (Chuchillo, Revenge of Dirty Sanchez), les trompettes venant régulièrement apporter une touche ensoleillée, ou parfois carrément épique. GHOULTOWN a ce petit côté régressif diablement cool, avec ses paroles rigolotes qui claquent comme un coup de feu dans un duel (I was drunk, it was night when I stabbed you in the back). On se souvient du titre Bury Them Deep sur l'album du même nom, qui ralentissait la cadence pour laisser à une ambiance macabre la place de s'installer. C'est ici à Tombstone qu'incombe ce rôle, et y parvient haut la main : on verrait presque les vautours se réunir sur les branches mortes d'un paysage dévasté. 

Avec ses stéréotypes assumés sur lesquels s'appuient les six texans, mais surtout la qualité de sa musique, GHOULTOWN continue de donner vie à son univers délicieusement désuet, au trait si forcé qu'il rappelle forcément les westerns italiens. Ghost of the Southern Son n'est pas une révolution dans leur discographie, mais un nouvel album solide qui témoigne des talents du groupe quand il s'agit de jouer les desperados imbibés et mal rasés via leur rock gothique de rednecks. Un truc parfait pour se descendre quelques whiskys au saloon avant d'éclater son verre sur la tête du gringo d'à côté dans une bagarre générale, et de finir la journée en cuvant à l'ombre des tombes de tous les types qui ont cherché des noises au sherif.