Chronique | Stone Sour - Hydrograd

Pierre Sopor 10 juillet 2017

Après deux EPs de reprises sympatoches sortis en 2015, STONE SOUR revient avec un nouvel album, le premier depuis le très convaincant House of Gold and Bones en deux parties. Il aura donc fallu attendre quatre ans pour découvrir ce que la bande de Corey Taylor a dans le ventre, d'autant que le départ du guitariste James Root pouvait inquiéter les fans. Fidèle à lui-même et à sa verve, le père Corey n'hésite pas à qualifier Hydrograd d'album le plus cool sur lequel il ait bossé depuis les débuts de SLIPKNOT. Comme quoi, c'est vraiment pas beau de vieillir...

Oups. Aurions-nous vendu la mèche trop vite en faisant preuve d'une désagréable ironie ? Quel est l'intérêt de cette chronique maintenant que le lecteur, probablement déçu (et qui ira se forger son opinion soi-même sur un site de téléchargement encore ouvert), sait qu'on ne va pas dire que du bien du dernier STONE SOUR ? Très franchement, on n'en sait rien. Mais on peut vous dire qu'on se pose les mêmes questions à propos de la raison d'être d'Hydrograd : pourquoi ? Hein, Corey, pourquoi ? Visiblement, après les deux House of Gold and Bones, albums élégants dont l'unité et la cohésion faisaient plaisir à entendre, pourquoi ce retour à des titres FM si faciles ? C'est l'été, c'est ça ? Maintenant que t'es en shorts et tongs, t'as plus envie de trop réfléchir Corey ? Tu veux juste une bande-son pour tes vacances, c'est ça ? Alors dans le genre, oui, Hydrograd renferme ce qu'il faut de tubes de l'été. Dès Taipei Person / Allah Tea, c'est accrocheur, rock'n'roll, efficace, musclé sans être bourrin. Bref, ça marche, pas de soucis, le line-up fait le job et l'entrée en matière est crédible.

Hélas, l'album ne gagne jamais en ampleur, alignant les titres faciles à écouter et encore plus faciles à oublier. Hydrograd est une sorte de pot-pourri de ce qu'a fait STONE SOUR, de la balade larmoyante au gros hit puissant, sans pour autant retrouver la violence ou la puissance émotionnelle de leurs meilleurs morceaux. Alors, forcément, il y a des titres plus prenants que d'autres, comme l'assez viscéral The Witness Trees, et aucun n'est vraiment mauvais : le savoir-faire est réel, et Taylor a définitivement une des meilleures voix du metal, rendant agréable ce qui, chez d'autres, aurait été d'une insupportable niaiserie. Cependant, à chercher uniquement la légèreté et les titres calibrés pour un passage en radio (si vous voulez retrouver le bon goût de la soupe à mémé, essayez Song #3), STONE SOUR n'a rien de mieux à proposer qu'un album somme toute assez inconsistant. Et puis, quinze titres, pour ce style de disque décomplexé, à la cool, sans concept prise de tête, c'est bien trop long : impossible de ne pas décrocher une fois arrivé vers la moitié, quand on tient jusque là.

En conclusion, difficile de ne pas replacer cet album dans le contexte de la récente querelle entre Corey Taylor et Chad Kroeger de NICKELBACK : si on a envie de donner raison au frontman de STONE SOUR, finalement, on n'est pas si loin que ça du groupe canadien le plus détesté du moment. Hydrograd est typiquement le genre d'albums que les kids écouteront en colo cet été, et réécouteront plus tard avec nostalgie en associant certains morceaux à leurs premiers émois amoureux ou leurs amis d'un été. On se croirait revenu au début des années 2000, où les groupes de rock un peu musclés inondaient MTV... comme NICKELBACK, quoi. La question reste de savoir si en 2017, les kids écouteraient encore STONE SOUR en colo...