Chronique | Eisbrecher - Liebe Macht Monster

Pierre Sopor 13 mars 2021

Achtung, achtung, planquez vos glaçons, planquez vos esquimaux, vos cornettos, de toute façon c'est pas la saison, Alexx Wesselsky, Noel Pix et leurs copains sont revenus péter la gueule à vos glaces. EISBRECHER, c'est un peu comme le catch : pas forcément subtil, un peu surjoué, mais toujours rigolo. En plus, le chauve charismatique n'est pas un roc mais carrément un brise-glace, alors ça promet des tatannes bien lourdes. Un an après avoir rendu hommage à leurs icônes des années 70 et 80 via l'amusant album de reprise Schicksalsmelodien, EISBRECHER est de retour avec Liebe Macht Monster et sa petite quinzaine de comptines tout en riffs, beats mammouths et mâchoires serrées.

Faut pas déconner, de toute cette scène Neue Deutsche Härte, EISBRECHER est bien le groupe le plus sympathique. D'ailleurs, on se fait vachement moins chier en écoutant Liebe Macht Monster qu'en s'infligeant les derniers OOMPH! ou les poses fatigantes de LORD OF THE LOST. Faut dire que ça cogne fort dès Es Lohnt Sich ein Mensch zu Sein. La formule, on la connaît : riffs rapides, vociférations menaçantes, voix claire et grave comme l'exige la tradition teutonne et refrains plus mélodiques, le tout emballé avec un sens de l'efficacité Deutsch Qualität. Allez, on se déride un peu, sinon FAKK aura du mal à passer : EISBRECHER se la joue clinquant et presque vulgaire avec des paroles ras de la ceinture et une agressivité dopée par une rythmique trois tonnes et une scansion hip-hop. Surprenant mais jouissif. Bien qu'on soit venus chercher ce genre de divertissement facile, bas du front et bourrin (on est servis : Nein Danke, la furieuse Dagegen avec Dero Goi en guest, Kontrollverlust, le rap robotique à la FALCO de Systemsprenger... EISBRECHER met les pieds où il veut et c'est souvent dans la gueule), le groupe laisse une place honorable aux morceaux plus posés. Faut croire qu'à force de tourner avec UNZUCHT, on finit par choper la chtouille mélodique. Voyez donc Im Guten Im Bösen, Himmel, ou les refrains de Wer Bin Ich : les références pop d'EISBRECHER mises en avant par Schicksalsmelodien transpirent également ici.

Liebe Macht Monster est un solide album d'EISBRECHER dans sa forme la plus pure, avec un soucis d'efficacité constant et un enchaînement de singles potentiels mais propose aussi quelques tentatives de moderniser tout ça en s'orientant vers un son (encore) plus accessible. Mais tout ça, on s'en fout : avec le réchauffement climatique, il n'y aura bientôt plus de banquise à briser et faudra trouver d'autres trucs à démolir. Alors let's go, FAKK et boum-boum, on casse tout, et surtout les oreilles des grincheux !