Chronique | Ecclesia - De Ecclesiæ Universalis

Spoon 27 février 2021

ECCLESIA fonde le troisième concile œcuménique avec, depuis leur bulle Witchfinding Metal of Doom de 2017, la conversion d’Arnhwald qui a fini par accepter la vraie foi du Doom et rejoint officiellement le Saint Siège aux côtés du Général Witchfinder et de Frère Ignis Sacer, les deux membres fondateurs de la Curie. A leurs côtés sont nommés Julius comme nouveau Légat pour les affaires solistes, la canonisation officielle de Père HexenHammer pour son dévouement aux fûts et la désignation de Père Walkelinus en tant que Maître de chapelle.

ECCLESIA ne prêche que par la Sainte Trinité. Hormis les trois titres présents sur l’EP réécrits pour l’occasion, avec notamment une réelle batterie, seuls trois nouveaux titres viennent rejoindre les évangéliaires : Vatican III, Behold the Heretic Burning et Antichristus. Non seulement, les titres de l’Ancien Testament était des boucheries en leurs temps mais leur Vulgate est d’autant plus puissante. Quant aux nouveaux Psaumes, ceux-ci s‘inscrivent dignement dans la lignée du Pentateuque.

Le Siège apostolique conserve sa principale influence deutérocanonique de l’âge d’or du doom metal et ses codes lents et lourds. On trouve également quelques indult plus rapides vers le heavy, voire le thrash, mais tout en restant fidèle au dogme. Si les gros soli et les rythmes plus effrénés vous intéressent davantage, alors Antichristus et God’s Trial sont pour vous. Si vous préférez un doom plus lent, plus traditionnel, alors Montségur ou Deus Vult vous attireront davantage. Mais honnêtement, n’importe lequel de ces titres pourrait convertir un païen au doom tellement la production est qualitative.

Dire que les riffs sont titanesques relèverait de l’hérésie, un blasphème assumé que de faire référence à la gigantomachie. Il suffit de se pencher sur l’association soliste et rythmique d’Antichristus pour demander repentance. Ce syncrétisme est divin et le clavier, généralement réservé, aura droit à son moment de gloire en supplantant le solo de façon surprenant efficace et, quand on se dit que c’est finit, le groupe fait appel en envoyant tous les croisés disponibles. C’est sans compter le verdict final, guttural et double pédale sur fond de napalm. Quel plaisir également de retrouver les performances d’Arnhwald sur ce nouvel opus, déjà qu’il était bluffant sur leurs premiers incipit, ses interventions séraphiques sont d’une justesse dans leurs exécutions.

La présence d’un clavier pourrait en rebuter certains mais ECCLESIA a eu l’intelligence de le moduler en respectant la thématique du groupe avec une approche orientée vers l’orgue, tout en le gardant discret, sublimant une ambiance inquisitrice déjà bien présente. L’impression de prêcher la bonne parole au sein de la nef d’une cathédrale est réussie… quand cela ne vient pas accompagner les chansons de croisades sur le champ de bataille.

Le seul péché du groupe reste ces fondus en fermeture. Tellement de frustration dans cette absence d’outro à proprement parler que ce serait la seule chose pour laquelle je les excommunierai. Peut être aussi d’avoir sacrifié une partie de la rythmique au profit de voix angéliques sur Ecclesia Sathani. Qu’il faille déterrer le trésor des Templiers pour trouver une once de défaut au sein d’ECCLESIA est gage d’une qualité indéniable. De plus, moi qui ne suis pas un aficionado du doom, pour qu’un groupe arrive à me convertir de la sorte relève d’une qualité sans précédent.

Approuvé unanimement par le Conclave du metal aux travers de nombreux édits, l’Église du doom propage son influence sous l’étendard d’une vertu théologale. Répondez à l’appel du décret de grâce De Ecclesiæ Universalis, embrassez le doom ou il vous embrasera !

Au nom du Metal, du Doom et de la Sainte Inquisition. Amen.