Chronique | Deth Crux - Mutant Flesh

Tanz Mitth'Laibach 9 juin 2019

Contrairement à ce que son nom indique, on ne trouve pas que des anges à Los Angeles. On y trouve aussi DETH CRUX. Si ce nom ne vous dit rien, c'est normal : ce jeune groupe n'a sorti qu'un EP en 2015 avant son premier album Mutant Flesh, paru fin 2018 ; toutefois, cet album, justement, nous laisse penser qu'on gagnerait à s'intéresser à cette formation californienne à l'avenir.

En effet, on retrouve avec Mutant Flesh un genre que l'on croyait disparu : basse lourde, batterie orageuse, riffs de guitare incisifs et frénétiques comme du punk mais en plus pesant, synthétiseur glacial et distordu, chant d'outre-tombe divagant sur des paroles inspirées de la littérature fantastique et du cinéma d'épouvante ; pas de doute, DETH CRUX est en train de nous ressusciter le death rock, la scène gothique américaine des années quatre-vingt ! On renoue ainsi avec des riffs écorchés et des mélodies obsédantes qui font penser à du CHRISTIAN DEATH période Rozz Williams mais accompagnés d'un chant plus grave et plus maîtrisé, les ambiances évoquent quant à elles le regretté VIOLET STIGMATA de ce côté-ci de l'Atlantique ; ce sont là d'excellents souvenirs, mais dans une version modernisée, retravaillés par l'imagination d'un nouveau groupe et au travers d'un son moderne. DETH CRUX se montre aussi plus rapide et plus agressif que ses prédécesseurs, n'hésitant pas à recourir à la saturation de la guitare, si bien qu'on se rapproche aussi du metal -après tout, ces atmosphères ne sont pas si loin non plus d'un Under The Sign Of The Black Mark de BATHORY !

Et ça claque. Le premier titre Phantom Blood donne le ton : tout au long du disque, ce sera une avalanche de riffs oppressants dans une ambiance lugubre, au rythme d'une course effrénée pour sortir d'un cauchemar. Sur les premières pistes de l'album, on trouve l'ensemble un peu trop monochrome bien qu'efficace, mais arrivé à Mutant Flesh avec son riff hypnotique et son chant possédé, l'album gagne en intensité, cette deuxième partie du disque nous tient en haleine jusqu'à la fin. Mutant Flesh et Lycanthropix Prostitution avec son refrain entêtant et son électronique dérangeante constituent les deux sommets de l'album.

Ajoutons à cela que le titre du dernier morceau Yellow Sky nous évoque, par inversion, un extrait d'un texte pas particulièrement sain de l'écrivain américain Robert Williams Chambers -"Si étrange est la nuit sous les étoiles noires / Si étranges les lunes tournant au ciel du soir / Mais plus étrange encore / Est Carcosa" (Le Roi en jaune). La mention de Carcosa dans les paroles confirme qu'il s'agit bien d'un hommage à ce texte, voilà qui est de très bon goût !

DETH CRUX nous livre donc de l'excellent travail avec cet album, auquel on ne voit pas grand chose à reprocher si ce n'est un léger manque de diversité, surtout sur la première partie du disque. On attend la suite avec impatience.