Chronique | Dawn of Ashes - The Crypt Injection II (Non Serviam)

Pierre Sopor 28 janvier 2019

Prolifique, tapageur, insaisissable : DAWN OF ASHES est un peu de tout ça. Le dernier album du groupe américain, Daemonolatry Gnosis, date d'un an et demi et c'était du black metal symphonique grandiloquent et théâtral plus proche de DIMMU BORGIR que de la dark electro à la HOCICO des débuts. The Crypt Injection II, lui, prévient dès son titre renvoyant à l'album de 2007 : DAWN OF ASHES renoue avec ses amours industrielles. La question du genre, en vérité, est presque secondaire : ce que l'on vient chercher chez ce groupe, c'est l'outrance, le grand n'importe quoi et la méchanceté. 

En cela, rien que les titres qui sentent bon la démonologie pour les nuls et l'anti-cléricalisme primaire fonctionnent : oui, DAWN OF ASHES est un plaisir coupable qui s'assume. D'ailleurs, on ne devrait pas se sentir coupable d'aimer un truc pareil : ce n'est pas fait pour être écouté discrètement en cachette mais pour arracher les enceintes ! Et puis le contrat est rempli dès le début, avec la très bourrine Reborn In Fire et son metal industriel où les influences black ne sont jamais très loin, un peu dans la lignée de ce que propose désormais PSYCLON NINE mais avec une efficacité redoutable. The Crypt Injection II (Non Serviam) est un album sauvage et violent, aussi kitch que jouissif, un vrai délire régressif où tout semble over-the-top : les beats de Ahriman, les délires symphoniques de Slaves to the Addiction : imaginez la douce élégance d'un mélange entre le black symphonique et l'electro dark des années 2000, le visuel cyber-satanique étant bien sûr de la partie... Même les passages plus lents, comme Abuse the Abuser ou Entering the Realm of Shadows sont d'une telle théâtralité qu'ils n'en sont pas moins jouissifs. Les élans symphoniques de DAWN OF ASHES contribuent justement à élever cet ensemble baroque, dont les ambitions principales sont certainement d'évoquer le feu, le chaos et plein d'autres trucs tout aussi subtils. Côté people, on note la présence de Johan Von Roy de SUICIDE COMMANDO sur Hexcraft, histoire de bien appuyer sur le retour de DAWN OF ASHES à un son plus industriel, et une floppée de remixes sympathiques sur l'édition bonus : HOCICO, Chris Vrenna ou ALIEN VAMPIRES (l'association des deux groupes semble si évidente) sont, entre-autres, de la partie.

The Crypt Injection II (Non Serviam) est un album bête et méchant, efficace et théâtral. C'est absolument kitch et indigeste, mais aussi généreux. Et, surtout, témoigne d'une volonté de la part du groupe de ne pas stagner mais au contraire de continuer à évoluer et varier les plaisirs en mélangeant un peu tous les genres auxquels ils ont touché au cours de leur carrière. Comme souvent, ce que propose DAWN OF ASHES pourrait être une version musicale de la partie droite du Jardin des Délices de Bosch : c'est l'Enfer dans toute sa mégalomanie, sa cacophonie et sa surenchère. Qu'est ce que c'est rigolo !