Chronique | Bestial Mouths - RESURRECTEDINBLACK

Pierre Sopor 9 juillet 2020

Désormais seule aux commandes de BESTIAL MOUTHS, Lynette Cerezo sortait il y a quelques mois INSHROUDSS, généreux EP sur lequel son projet semblait à la fois arriver au sommet de son style mais aussi trouver un nouveau souffle créatif. RESURRECTEDINBLACK et son titre prémonitoire devrait, avec ses neuf morceaux inédits, confirmer la tendance.

BESTIAL MOUTHS n'a rien perdu de sa superbe mais est désormais plus direct, plus viscéral, plus humain peut-être même. C'est flagrant avec Lain to Rust aux beats accrocheurs et aux refrains entêtants. La subtilité, elle, est toujours de  la partie : les atmosphères synthétiques mystérieuses nous enveloppent dès The Falls pour ne plus nous lâcher (Our Souls Take, Within et The Loss sont d'une mélancolie poignante), atteignant leur apogée avec (A) Siren Calls, son chant désespéré, sa guitare et sa montée en intensité viscérale. Pourtant, bien que l'accent semble avoir été mis sur les percussions, plus agressives, tribales et menaçantes (Industrial Waste), la voix de Cerezo monopolise notre attention. Théâtrale, tantôt autoritaire, tantôt plaintive, elle incante (Dry As Dust), dégage un sentiment de terreur sacrée, d'angoisse, mais confère aussi une puissance dramatique à RESURRECTEDINBLACK, lui insuffle une âme et véhicule les émotions, forcément houleuses, qui hantent l'album.

C'est au final cet aspect qui fait la force de BESTIAL MOUTHS aujourd'hui. Il y a certes la puissance tubesque de cette darkwave aux accents industriels et post-punk, il y a ces ambiances hantées, ce sens du rythme et de la mélodie qui s'emparent de nous, mais il y a surtout des émotions puissantes et communicatives. RESURRECTEDINBLACK est une pure démonstration de force de la part de Cerezo, dont la catharsis prend ici des allures conquérantes : jamais BESTIAL MOUTHS n'a semblé autant en forme.