Oomph! + Heldmaschine @ Ninkasi Gerland - Lyon (69) - 24 mars 2019

Live Report | Oomph! + Heldmaschine @ Ninkasi Gerland - Lyon (69) - 24 mars 2019

Manon Nadolny 26 mars 2019 Laurence Prudhomme Manon Nadolny

Heldmaschine

Soirée aux accents allemands ce dimanche au Ninkasi Kao à Lyon, avec la venue de HELDMASCHINE et OOMPH!. En tournée européenne avec leur « Ritual Tour », les trois compères de OOMPH!, pionniers du Neue Deutsche Härte, remplissent les salles depuis bientôt 30 ans. L'impatience était donc grande parmi le public car leur dernier passage à Lyon date déjà de 3 ans. Le Ninkasi n'est cependant pas complet lorsque les musiciens de HELDMASCHINE, équipés de masques à gaz, entrent sur scène.

Leur tenue au style commando dont le plastron est éclairé par des leds bleues provoque des murmures dans le public. Lorsque le chanteur fait son apparition, glissant plutôt que marchant, on sent bien que les Allemands, malgré leur look menaçant, ne se prennent pas vraiment au sérieux. Les premières notes nous plongent directement dans l'univers RAMMSTEIN, la voix de René Anlauff ayant d'énormes similitudes avec celle de Till Lindemann. Rien d'étonnant quand l'on sait que le groupe a démarré en proposant des reprises du célèbre groupe allemand avant de créer son propre univers.

Le public semble apprécier les sons plutôt martiaux, teintés d'électro, qui accompagnent les textes scandés avec ce roulement de « r » si particulier.
Rayons-X, éclairage futuriste, batteur aux baguettes phosphorescentes, on sent bien que ce groupe a des veléités post nucléaires ! Les Allemands sont ravis que les Lyonnais adhèrent à leur univers et les accompagnent de la voix et du geste. Surtout lorsque le public porte le chanteur à bout de bras jusqu'au bar et que celui-ci revient par le même chemin avec une bière bien méritée !

Cette première partie bien sympathique sera courte, avec huit titres au total dont les très typiques Radioaktiv et Weiter, mais laissera une bonne impression avant d'accueillir les headliners de la soirée : OOMPH! !

Oomph!

C'est dans un Ninkasi complètement acquis à leur cause, toutes générations confondues, que le groupe légendaire fait son apparition ! Car on oublie souvent que RAMMSTEIN s'est inspiré de OOMPH!, et non le contraire…

Pas de mise en scène particulière (si ce n'est de gros parapluies en fond de scène), juste l'ajout comme à chaque tournée du batteur Silvestri, du second bassiste Hagen et de Felix le keyboarder. On remarque tout de même un léger changement de look pour le chanteur Dero qui porte désormais la barbe. Ce qui n'enlève rien à son charme, vous diront les nombreuses fans féminines qui se sont rapprochées de la scène. Il faut bien avouer que les années sont plutôt clémentes avec le trio, qui, avec des hauts et quelques bas (notamment avec l'album Des Wahnsinns Fette Beute sorti en 2012 et dont certains fans ne sont toujours pas remis) a su proposer une musique industrielle, saupoudrée de ce qu'il faut d'électronique pour rester dans l'air du temps, évitant ainsi de sombrer dans le trop répétitif et agressif son industriel.

Avec une entrée tonitruante sur TRRR-FCKN-HTLR, les Allemands donnent tout de suite le ton de la soirée. Les trois compères sont bien décidés à mettre plein les oreilles au public lyonnais, à fond dès le premier titre issu de leur dernier album Ritual. D'ailleurs ce titre s'inscrit, tout comme l'album, dans la droite ligne des anciennes réalisations du groupe, avec des chants froids et des rythmiques marquées. Avouons-le de suite, certains dans le public n'étaient pas prêts pour le tsunami de pogos qu'allait déclencher Labyrinth !

Le Ninkasi s'est mis brusquement à sauter et bouger dans tous les sens sur ce titre phare au rythme percutant. Même si l'ambiance est bon enfant, pas de quartiers pour les fans pourtant attentifs des premiers rangs tant l'énergie déployée par le groupe, et surtout par Dero, transformé en derviche tourneur, est communicative. Les Allemands ont la banane, satisfaits d'avoir retourné la salle dès leur deuxième morceau !

Si la musique et les paroles sont plutôt sombres, le groupe lui prend plaisir à jouer et semble avoir gardé un excellent souvenir de son dernier passage à Lyon en 2016. Ici les artistes sont sûrs d'avoir du répondant en face d'eux et ce sera le cas tout au long de la soirée. Dero ne résiste pas au plaisir de se jeter dans la foule pour un slam qui le ramènera intact et hilare sur scène. OOMPH! est allé puiser dans son répertoire plus ancien pour une séquence nostalgie avec des titres comme Der Neue Gott (1995 tout de même), l'occasion pour le chanteur de sonder le public sur son âge au moment de la sortie du morceau. Fin de la série avec Das Weisse Licht, et un frontman complètement habité qui vit littéralement son morceau sur scène. Le public l'accompagne en balançant les bras en rythme, une bien belle communion qui touche le groupe.

Retour au présent avec Tausend Mann Und Ein Befehl, plus mélodieux, où la voix du chanteur se trouve adoucie, puis avec Kein Liebeslied.
Si la présence de Dero sur scène est incontestable, il est efficacement soutenu par ses deux complices plus discrets qui ne manquent pas de distribuer sourires et encouragements au public. Moment acoustique plein d'émotion ensuite sur Auf Kurs extrait de l'album Monster (2008 déjà!). Avec Flux et sa guitare pour seul accompagnement, le titre prend aux tripes, mélancolique et dépouillé à souhait.

Retour aux bousculades et aux pogos avec le très dansant Gott Ist Ein Popstar, et un chanteur qui ne s'économise pas et montre l'exemple en bondissant sur place. Comme s'il lui fallait encore plus d'exutoire à son énergie, il joue également des percussions et donne le rythme sur de nombreux morceaux. Quelle bonne idée de ressortir des placards des titres anciens, dont certains n'ont pas été joués en live depuis quelques temps ! Même si c'est au détriment du nouvel album dont il ne sera joué en définitive que quatre petits morceaux. In Namen des Vaters pourrait bien devenir incontournable aussi, à voir l'enthousiasme du public. Avec des vocals collés aux rythmes des percussions, comme aux origines, les titres nous replongent dans le meilleur du groupe. Lorsque le Sandmann s'invite on pourrait croire que le public est fatigué de sauter et de danser mais il n'en est rien, sous le regard admiratif des musiciens qui, du coup, sont un sacré argument pour l'amitié franco-allemande.

Il est vrai que les rythmes très marqués, parfois syncopés, avec des voix gutturales et des textes agressifs de la NDH n'ont que peu d'adeptes en France, mais lors de chaque passage un public fidèle est toujours présent. Heureusement l'ajout d'électro donne ce côté dansant qui réussit à fédérer même les allergiques aux sonorités allemandes. Il est bientôt l'heure de se quitter, le temps passe bien trop vite. Les Allemands reviennent pour deux derniers titres, et n'en finiront plus de saluer et de remercier les Lyonnais pour leur accueil. Une dernière photo souvenir sur scène et la soirée s'achève.

On espère vite les revoir, car le courant passe définitivement entre ce groupe généreux, qui sait si bien partager son enthousiasme, et le public français. Après leur tournée européenne , ils sont d'ailleurs annoncés en juillet du côté de Besançon pour le festival « La Guerre du Son ».

Setlist:
01. TRRR-FCKN-HTLR
02. Labyrinth
03. Träumst Du
04. Jetzt Oder Nie
05. Der Neue Gott
06. Mein Herz
07. Das Weisse Licht
08. Tausend Mann Und Ein Befehl
09. Niemand
10. Kein Liebeslied
11. Auf Kurs
12. Fieber-Das Letzte Streishholz (medley)
13. Gott Ist Ein Popstar
14. Gekreuzigt
15. Alles Aus Liebe
16. Im Namen des Vaters
17. Jede Reise Hat Ein Ende
18. Kleinstadtboy
19. Sandmann
20. Augen Auf
21. Mein Schatz
22.Als Wärs Das Letzte Mal