Depuis la reprise des concerts à l'Atomic Cat pendant l'été, le bar à thème cyberpunk / post-apo est (re)devenu un lieu incontournable pour retrouver et découvrir des choses obscures, avec une sélection aussi variée que pointue. Nous revoilà dans ce chouette sous-sol pour retrouver Agony & the Middle Class, dont on vous parlait récemment du nouvel EP (chronique). Alors que le duo digital hardcore composé d'Antoine Kerbérénès (NullSplit, Dague de Marbre, ChromeCorpse) et Dana Mukanova s'apprêtait à enfumer l'Atomic Cat, le chanteur promet de tout nous donner, même s'il n'y a pas foule. Voilà ce que vous avez raté, donc, puisque foule, il n'y avait effectivement pas. Enfin, il y en a eu un peu, un groupe de moldus qui pointent le bout de son museau et s'installe boire un verre, probablement pas au courant de l'ouragan qui s'apprête à leur tomber a coin du visage. Voir leur expression au début du concert fut un des grands plaisirs de cette soirée.
L'autre plaisir, évidemment, c'était le concert. On connaît Antoine Kerbérénès dans ses œuvres et, outre sa perpétuelle incapacité à se vendre malgré la qualité de son travail, c'est donc avec plaisir que l'on retrouve son énergie et son intensité sur scène... et, toujours son short court. Dans Agony & the Middle Class, il est accompagné et Dana Mukanova qui offre un contrepoint pertinent au chanteur-tornade : silhouette sombre qui se découpe dans la fumée, fantôme hantant les machines, elle apporte une froideur à l'univers que quelques sourires viennent briser.
On n'y voit pas grand chose. Il fait noir. Ça strob dans tous les sens. On est noyés dans la fumée. L'animal sur scène cavale, saute, agite sa tête, descend dans le public (ça a besoin d'espace pour courir, ces bêtes-là). Le duo enchaîne les titres furieux, empilements de samples déconstruits, d'assauts synthétiques et de rugissements rageurs. Nervosité EBM, élans viscéraux qui nous sont crachés à la gueule et quelques nappes ou mélodies psychédéliques à la Skinny Puppy, leur jeu de massacre est à la fois fou, imprévisible, sauvage mais également étrangement onirique.
Le duo nous sature d'informations, comme pour reproduire un espace envahi par les stimulations audiovisuelles. Aux murs de l'Atomic Cat, les écrans plats qui diffusent clips des extraits de film et autres vidéos en accord avec le thème du bar semblent faire écho à la musique et même en illustrer le propos. On n'était pas beaucoup, mais c'est vous, les absents, qui avaient tort.
