Sybreed : Antares, la destruction créatrice

Sybreed : Antares, la destruction créatrice

Erīck Wīhr 26 avril 2008 Erick

Après avoir sorti 'Antares' il y a moins d'un an sur Listenable Records et enfin amorcé leur tournée aux côtés de Samael et Gothminister, les Suisses de Sybreed nous ont rencontrés à Paris dans les loges de la Locomotive, pour une interview à la punk entre valises et stars du rock.

Ben a intégré Rain au chant pour son dernier album aux cotés de Drop (guitare). Comment a débuté cette collaboration ?
Ben : Tout simplement. Drop mixait dans des soirées metal à Genève. Un jour, il a passé un CD qui contenait des morceaux qui devaient être des nouveaux morceaux de Rain à l'époque, alors j'ai découvert et j'ai trouvé ça super bon, c'était un peu des riffs à la Fear Factory. On s'était déjà croisés quelques fois à ses soirées, et je lui ai dit que je trouvais ses morceaux géniaux. Un jour il m'a recontacté pour me demander si ça me dirait de jouer avec lui.

Comment a-t-il connu ta manière de chanter ?
Ben : J'avais déjà chanté dans des groupes, enfin des groupes pas très connus de la scène genevoise, notamment un groupe qui s'appelait Fragment, très orienté Meshuggah. A cette époque j'étais à fond dans le metal extrême justement.

Pouquoi un nouveau projet de groupe alors ?
Drop : C'est tout bonnement un changement de nom plutôt qu'un changement de groupe, il y a même des morceaux qui sont sur 'Antares', notamment la bonus track pour les Japonais, qui est un morceau de Rain. On a changé de nom aussi parce qu'il restait plus que moi de Rain. Avec un nouveau nom, il a fallu repartir un peu à zéro pour se faire connaitre, c'est sûr, à part à Genève où ils faisaient déjà le lien.

Le nom de Sybreed évoque quoi ? Ça sonne hybride.
Ben : Le nom de Sybreed normalement s'écrit Cybrid. C'est un terme scientifique qui veut justement dire 'Cellule Hybride', fusion d'un cytoplasme d'une cellule avec le noyau d'une autre cellule. On trouvait que le mot sonnait bien mais on voulait qu'il accroche plus à l'oreille. Comme on a une chanson qui s'appelle Syntetic Breed, on a eu l'idée d'en faire la contraction pour l'écrire Sybreed. C'est donc un terme à deux sens.

Revenons sur les éléments qui constituaient votre point de départ.
Ben : Je dirais que dans notre premier album 'Slave Design', on était complètement dans la continuité de Rain. On voulait quelque chose de très rythmique, très inspiré du metal américain comme Fear Factory mais on avait aussi d'autres influences comme Strapping Young Lad et Meshuggah. L'album n'a pas été trop mal accueilli, on s'est fait un petit nom aux Etats-Unis. On y a fait une petite tournée avec Lyzanxia, qui est un groupe de chez Listenable également.

Quelle évolution vous avez recherché de 'Slave Design' à 'Antares' ?
Ben : On a commencé par se mettre beaucoup moins de barrières. Comme je te le disais, avec 'Slaves Design' on avait voulu un truc très rythmique et américain en levant un peu le pied sur tout ce qui était black metal, death metal mélodique, mais aussi tout le coté électronique, new wave, goth, les parties de chants clairs. Puis on s'est dit : "pourquoi en tant que groupe se mettre autant de barrières ?" Je pense que ce sera encore plus présent sur le prochain album.

Vous travaillez donc déjà sur un nouvel album ?
Ben : On a commencé, oui. On a planifié de finir le gros de la composition à l'automne. On laissera passer encore un peu temps avant d'enregistrer. Pour le moment, on a seulement des bribes de morceaux.

Et les thèmes que vous abordez, dis m'en un peu plus.
Ben : J'ai envie dire que c'est ma vision du monde dans lequel on vit que je trouve très nihiliste en fait. J'y ajoute l'influence d'auteurs comme Philip K. Dick ou Maurice G. Dantec. Ensuite, la musique est composée à 99% par Drop avec quelques petits ajouts à côté mais c'est lui le chef d'orchestre.

À quoi se réfère 'Antares' ?
Ben : 'Antarès' est encore un nom à plusieurs sens. D'une part, c'est l'étoile principale de la constellation du Scorpion. C'est une étoile en fin de vie qui s'apprête à exploser, qui reflétait un peu une vision apocalyptique. [ndlr : c'est une supergéante rouge qui fait 300 fois la taille du soleil]. Ensuite Antarès fait le lien avec Arès [ndrl : Mars, dieu de la guerre. Antarès doit son appellation à sa couleur rouge similaire à celle de Mars]. Au final, dans le livre de Job, il y a un lien de fait entre Antarès et l'archange Gabriel, un archange destructeur. Antarès a une symbolique de destruction mais qui appelle à un moment de création par la suite.

Qui a réalisé l'artwork justement ?
Ben : Svencho qui travaille sur notre label Listenable Records et qui est aussi le chanteur du groupe Aborted. Il fait du graphisme pour beaucoup de groupes également.

Tu travailles sur deux autres projets, 'The Misery Garden' et 'Pavillon Rouge'. À quoi peut-on s'attendre ?
Ben : The Misery Garden est un groupe rock alternatif progressif qui me fait explorer encore d'autres choses. J'y assure juste le chant, c'est le guitariste qui s'occupe du groupe. C'est lui qui m'a contacté, il a par ailleurs joué avec Rain à une époque. Mon autre projet, Pavillon Rouge, est parti d'un grand délire avec un ami avec qui on voulait mélanger des influences black metal indus et des influences toujours un peu new wave des années 80, avec notamment Indochine et Depeche Mode. Le tout avec une imagerie à part entière, des grosses guitares et des chants façon black metal avec des paroles en français.

Un petit bilan du concert de ce soir ?
Ben : Les conditions étaient un peu difficiles pour moi mais j'ai l'impression que le public était assez content. On avait eu quelques petits problèmes au Trabendo de Paris pour notre préparation. Malheureusement, notre bassiste n'a pas pu venir avec nous sur cette tournée donc on a invité un ami, 'Loïc Loup', pour jouer pendant un certain temps. Il joue dans le groupe de death metal Your Own Decay.

Vous avez aussi convié le guitariste des Sisters of Mercy.
Ben : Oui, en fait il joue sur la tournée d'Ayin Aleph, le premier groupe de la soirée et il a vraiment beaucoup aimé Sybreed, donc il m'a proposé qu'on se fasse un délire comme ça. On ne le fera pas tous les soirs, mais je pense qu'on le refera sur la dernière et on l'invitera peut-être aussi sur le prochain album de Sybreed.

D'autres intentions de ce genre ? Vous aviez déjà un remix de Re-Evolution par Bak XIII.
Ben : Oui, ce sont des amis de Genève. Mais là on n'y a pas encore réfléchi !