Korn : quand Dubstep et Metal font bon ménage

Korn : quand Dubstep et Metal font bon ménage

Mandah 22 décembre 2011

Le nouvel album de KORN est sorti le 6 décembre dernier sur Roadrunner Records et fait beaucoup parler de lui en raison de sa direction musicale atypique alliant metal et dubstep. Retrouvez ci-dessous les propos du frontman, Jonathan Davis, vis-à-vis de ce nouvel opus. Notez également que le groupe sera à Paris (Bataclan) le 12 mars prochain. Les places sont déjà en vente !

The Path of Totality prend une toute nouvelle direction pour KORN. Comment vous est venue la décision de vous écarter de votre traditionnel son ?
Je crois que notre décision de nous écarter de ce que nous faisions habituellement est venue de notre désir d'expérimenter. Nous voulions essayer des choses différentes, des styles de musique différents. C'est assez ennuyeux de faire la même chose encore et encore. Je suis tombé sur le dubstep quand j'étais DJ. Ce que j'ai entendu m'a semblé pouvoir se mélanger très bien avec KORN. Nous voulions travailler avec un artiste en particulier connu sous le nom d'EXCISION. Il a crée du heavy-dubstep qui est un dubstep qui mélange des riffs de guitare avec de la basse très lourde et sombre. Alors, je lui ai d'abord présenté l'idée puis nous avons fait une chanson ensemble. Cela s'est si bien déroulé que j'ai appelé SKRILLEX. Nous lui avons demandé de descendre nous voir. C'est en fait un grand fan KORN donc il a accepté. Nous avons écrit trois chansons et tout à commencé à partir de là. A la base c'était juste pour expérimenter, nous ne savions pas que ça deviendrait un album ou quoi que ce soit. Je voulais juste essayer quelque chose de neuf. Le reste du groupe s'est alors dit « putain, oui, allons-y ». L'idée venait d'éclore.

A l'origine, il ne s'agissait pas de sortir un album complet, mais un EP. Pouvez-vous nous expliquer votre décision de faire un album entier avec des producteurs de dubstep ?
La raison, c'est tout simplement que nous avons eu énormément de plaisir en le faisant. Voir les yeux de Munky scintiller, voir SKRILLEX sauter de haut en bas et moi m'amusant comme un gamin valait vraiment le coup ; ça nous a poussés à continuer. Je me suis senti un peu comme en 1994 lorsque nous avons fusionné des beats hip-hop et des grosses basses pour faire notre musique à l'époque. Nous avons fait Get up en trois heures et demie, tout semblait se combiner parfaitement. Munky et moi, après avoir fait le titre avec EXCISION, avons décidé que nous devrions poursuivre ainsi et voir ce qu'il se passerait. Nous avons donc continué à faire de plus en plus de chansons. Initialement, c'est vrai qu'il était question d'un EP, oui, mais on s'est tellement marrés qu'on a décidé de laisser les choses aller plus loin.

Comment s'est déroulé le processus d'écriture ?
L'écriture de ce disque fut vraiment différente. Habituellement, nous nous enfermons au studio plusieurs mois pour écrire les chansons. Ensuite, on commence à enregistrer et je dis quand c'est bon. Cette fois-ci, c'était très différent, il a fallu un an pour le faire et nous tournions en même temps. En fait, ce qui s'est passé, c'est que nous nous réunissions dans la même pièce, on traînait un peu ensemble, et ça partait d'un son. Les producteurs n'avait qu'à étendre le squelette rythmique et quelques wobbles ici et là. Ensuite Munky ajoutait quelques riffs de guitare, puis je le retournais aux producteurs. Ils écrivaient des lignes de basses et quelques sons autour des guitares. Nous travaillions en numérique et en analogique en même temps. Il en résultait des parties séparées et mon job était d'assembler le tout. SKRILLEX connaissait les arrangements Rock N Roll parce qu'il faisait parti d'un groupe avant, mais les autres gars n'avaient aucun repère. En music electro, t'as l'intro, drop 1, drop 2, breakdown, drop 3 et c'est bouclé. C'est une formule très différente des nôtres à savoir : des couplets, refrains et ponts. Cette formule venait un peu d'une autre planète pour eux, alors raccorder les parties, combiner le tout ensemble était mon boulot. Je voulait préserver l'intégrité des deux aspects musicaux, ce qui a pris beaucoup de temps. J'ai pris le temps nécessaire et ça a été l'album le plus difficile de KORN jamais réalisé !

Selon toi, comment les anciens fans de KORN vont accueillir The Path of Totality ?
Certains fans ne vont pas être contents, d'autres vont l'adorer. Nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde. Certains éléments de notre musique nous poursuivent jusqu'à ce qu'on autre autre autre. Cela a toujours fonctionné ainsi. "Path of Totality" n'est pas simplement un album dubstep. Mais tu sais, de nombreux producteurs avec qui nous avons travaillé nous ont dit que nous faisions du dubstep bien avant que le dubstep n'existe. En raison du fait que nous sommes accordés très bas, et aussi du fait que nous avons toujours mis l'accent sur la basse. Les racines du groupe étaient essentiellement dubstep sans que nous en ayons conscience. Donc je pense que nous suivons cette voie depuis un moment déjà. Ce n'est pas vraiment porté sur la guitare et la batterie, il y a des éléments électroniques mais les gens le saisiront et le ressentiront sans doute.

Peux-tu nous en dire plus sur le titre de l'album ?
Je suis horrible avec les titres. C'est l'idée de Munky. Il avait, en fait, préparé une liste avec une douzaine de titres. The Path of Totality se réfère au fait que pour parvenir à voir une éclipse solaire totale, vous devez vous positionner à l'emplacement exact où elle est visible, au moment exact, tout doit être parfaitement en ligne. C'est de cette manière que l'album a pu voir le jour. Mon manager devait organiser en file tous les passages des DJ. Tous étaient en tournée, ce n'était pas facile. Tout devait s'aligner parfaitement pour que l'album fonctionne. Chaque chose devait tomber à la bonne place, au bon moment et avec les bonnes personnes pour que cela se réalise. Nous avons pensé que ce titre collait parfaitement. Et l'éclipse, de mon point de vue, marque la renaissance de ce groupe.

Dirais-tu quelques mots sur les autres producteurs ?
J'ai été carrément surpris que NOISIA veuille travailler avec nous. C'est le plus grand en termes de production drum'n bass. Il ne connaissait rien au metal, mais il est venu à un concert, et après ça, nous avons parlé un moment. J'avais l'impression d'être interviewé. Nous avons commencé à jouer et il a dit OK. Il voulait avant tout connaître mes intentions je crois. Il est très créatif, c'est un honneur de l'avoir sur l'album. FEED ME est le plus mélodique, il mélange toutes sortes de styles dans sa musique. "Bleeding Out" m'a coupé le souffle, dès que j'ai entendu cette chanson, j'ai eu envie pour la première fois, depuis un très long moment, d'ajouter de la cornemuse sur un album de KORN. Et je crois avoir réalisé le tout premier solo de cornemuse sur un titre de dubstep ! EXCISION est fan de KORN. Le genre à porter un t-shirt KORN et aller faire du skateboard (rires). Lui, DATSIK et DOWNLINK ne comprenait pas au départ ce que nous voulions. Comme je l'ai dit plus tôt, leur truc c'est le heavy-dubstep donc forcément, ils ont tout déchiré pour créer des sons lourds sur l'album. Je me suis éclaté en faisant les trois chansons qu'on a faites ensemble. Je les aime ces petits, ils sont incroyables ! Travailler avec KILL THE NOISE était génial aussi. C'est un producteur incroyable. Son nouvel album va sortir bientôt.