Coldrain - 2015-03-06

Coldrain - 2015-03-06

Mandah 10 mars 2015

Les Japonais de COLDRAIN sont actuellement en tournée avec leurs idoles PAPA ROACH. La tournée a été lancée ce soir dans la salle du Trianon à Paris (FR), le 7 mars 2015. Juste après une performance acclamée, nous avons rencontré le frontman Masato, qui nous a livré ses impressions à chaud sur cet événement et ses sentiments quant à la vie sur les routes.

Comment était le concert ce soir ?
Masato : C'était génial, vraiment ! Je suis un peu fatigué et un peu à l'ouest à cause du décalage horaire, jetlag oblige. On a joué au Soundwave en Australie, puis on a été au Japon, et nous voilà aujourd'hui en France, à Paris. Le concert maintenant terminé, l'excitation se dissipe doucement, je rencontre quelques difficultés à me concentrer (rires). Mais quoiqu'il en soit, c'était vraiment bon de jouer ce soir (sourit).

L'année 2014 marque les débuts du groupe à l'international. Es-tu content de ce que vous avez accompli jusque-là ?
Masato : Carrément ! L'an passé fut incroyable. On a été en Europe quatre fois déjà. On a tourné avec beaucoup de groupes, rencontré plein de monde, on s'est fait de nouveaux amis. Notre fanbase étrangère grandit chaque jour un peu plus. C'est fou ! Je suis très content de ce que le groupe a accompli en une année. C'est appréciable de jouer hors du Japon. On n'aurait jamais espéré meilleur début à l'international. On a pris conscience de ce que nous pouvons accomplir hors de nos frontières. On s'est fixé de nouveaux buts, on a de nouvelles perspectives, on prévoit d'ouvrir de nouvelles portes et les gens ont l'air d'être réceptifs. Il y a tellement de choses que nous voulons faire. L'année 2014 nous a insufflé du courage. Avant ça, on avait un peu peur de faire quoi que ce soit en dehors du Japon. Je ne sais pas pourquoi (rires)... Ça nous a demandé six ou sept ans de prendre les devants. On a compris qu'il fallait simplement se lancer et j'espère que ça ne va pas s'arrêter en si bon chemin (sourit).

Depuis la sortie de 'The Revelation', vous n'avez pas arrêté de tourner. As-tu eu de bons retours des groupes avec lesquels vous avez joué et personnes qui ont assisté aux concerts ?
Masato : Je vois une évolution certaine. Le public commence à chanter nos chansons, certains nous attendent à la fin du concert pour nous féliciter. Les retours ont été positifs jusqu'à maintenant. On commence à se faire un nom. Ça fait du bien ! C'est la première fois de notre carrière qu'on joue un album aussi longtemps en tournée, même au Japon j'entends. Dans chaque pays que nous visitons, il y a toujours une chanson qui se démarque. On collecte donc ces informations pour écrire le prochain album afin qu'il soit parfait.

Quelle est selon toi la préférée des Français ?
Masato : Peut-être « The War is On ». J'ai entendu les gens chanter « The Revelation » ce soir. Hum, on a aussi joué « Time Bomb », un titre groovy et mélodique, pour la première fois et les Français avaient l'air de vraiment l'apprécier. Cela étant dit, c'est très probablement dû au fait qu'il s'agissait de fans de PAPA ROACH. Comme eux, notre son joue sur des sonorités aussi mélodiques que lourdes. Mais de manière différente. Je crois que notre musique s'est construite sur deux piliers, la pop japonaise et le metal occidental.

Ce soir marque le début de votre tournée avec PAPA ROACH justement. Qu'attendez-vous d'elle ?
Masato : J'ai toujours adoré PAPA ROACH. À mes débuts, j'étais un grand fan de nu-metal. Ce sont KORN, LINKIN PARK, SLIPKNOT et PAPA ROACH qui m'ont initié à la musique heavy. C'est une chance pour moi de me retrouver en tournée avec ces mecs. Je me sens même reconnaissant de pouvoir assister à leurs soundcheck tous les jours (rires). C'est un rêve qui devient réalité. Alors ce que j'attends de cette tournée est simplement d'en apprécier chaque minute : les voir jouer, apprendre d'eux ? mais aussi, jouer nos chansons, faire grossir notre fanbase. OK, je vais te révéler quelque chose, j'espère secrètement avoir l'opportunité de chanter l'une de leurs chansons sur scène avec eux. Ce n'est pas impossible (sourit) ! Je n'avais jamais pensé que ça arriverait avec BULLET FOR MY VALENTINE, et c'est bien arrivé. J'ai chanté avec Matt quatre fois. Alors, croisons les doigts.

Ces derniers temps, vous avez ouvert les concerts de groupes qui ouvrent les vôtres au Japon. Comment te sens-tu par rapport à ça ? Quel effet cela vous fait-il de devoir faire vos preuves de nouveau ?
Masato : Hum... Je trouve ça cool en fait parce qu'avec le temps, on a tendance à oublier ce que ça fait justement de débuter. Je vois ça comme une chance, vraiment. Au Japon, ça n'arrivera plus jamais. Devoir faire nos preuves de nouveau insuffle un sentiment de fraîcheur quant à qui nous sommes en tant que groupe et musiciens, cela nous offre l'opportunité de mûrir également. Ça fait évoluer l'état d'esprit du groupe. Beaucoup de monde au Japon nous ont dit que nos concerts deviennent meilleurs, que nous avons plus d'énergie qu'avant. On est pas vieux mais ça fait un petit moment maintenant qu'on a commencé et devoir prouver la valeur du groupe une nouvelle fois nous donne l'impression de rajeunir. Ça nous motive. On fait peau neuve, on a l'impression d'avoir six ans de moins. C'est rafraîchissant. Mais notre but bien sûr est d'acquérir un succès international ? qui soit à la hauteur de celui que nous avons au Japon.

Je me doute bien. Tourner, voyager des années durant, bouger d'une ville à l'autre, d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre ; tout est en perpétuel mouvement. Que fais-tu pour te sentir un peu chez toi dans ces conditions ?
Masato : Argh, elle est difficile celle-là ! Çe ne me dérange pas de voyager autant parce que ça ne dure qu'un temps. Savoir qu'au bout, je vais rentrer chez moi, rend la chose moins difficile. Il devient dur parfois de trouver une certaine stabilité quand tout autour de toi est en mouvement constant ? comme tu l'as dit. Mais savoir que ça ne durera pas éternellement facilite la chose je crois. En fait je ne me pose pas ces questions, je me sens au contraire reconnaissant et chanceux d'avoir la possibilité de voyager comme ça, et vivre de ma passion. Ce train de vie me rend heureux. Je crois que la clef réside dans la gestion du temps que l'on s'accorde. Tu dois te programmer des moments qui n'appartiennent qu'à toi, prendre soin de toi et te reposer le plus possible. Je m'entends très bien avec tous les mecs du groupe, on se soutient, on s'aime.

Être un artiste sur les routes semble être une vie assez paradoxale dans la mesure où tu dois sans cesse chercher l'équilibre entre aventure et routine. Sur scène, tu dois épuiser toute ton énergie ? tu deviens un personnage bien que c'est ta personne que tu mets à nu. Une fois que tu quittes la scène, tu reviens dans la routine d'une personne ordinaire. Comment gères-tu cet équilibre, mentalement et physiquement ?
Masato : Hum (cache son visage avec ses mains)... Aïe ! Physiquement, tu dois simplement prendre soin de toi : pas de soirées folles la nuit précédent un concert, de bonnes nuits de sommeil. En tant que chanteur, je prends particulièrement soin de ma voix, j'évite tout ce qui pourrait abîmer mes cordes vocales. Gérer cet équilibre physiquement est la partie la plus facile. En ce qui concerne le mental, je crois qu'il faut juste s'habituer à changer de peau (rires). Je crois que je le fais naturellement. C'est plus ou moins devenu automatique. Je n'y prête pas tant attention. Il y a toujours eu deux parties de moi-même : celle du performer et celle d'une personne tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Sur scène, j'incarne un personnage, bien qu'il s'agisse d'une authentique partie de moi. Sur scène, je deviens la personne que j'ai toujours eu du mal à faire exprimer. Je ne sais pas comment c'est venu... Si peut-être en fait. Quand je n'étais qu'un gamin, j'ai été recruté pour jouer une pièce à l'école. J'incarnais un personnage comique. Tout le monde riait, tout le monde était réceptif. J'avais l'impression d'avoir de l'importance à leurs yeux. J'ai aimé l'attention qu'ils me portaient, j'aimais cette interaction, cette connexion, cette énergie si propre à la scène. Il émane un sentiment de pouvoir, de transcendance. J'ai adoré ça autant que détesté. Ça peut être très stressant mais ça vaut le coup.

Partager un espace si étroit avec toute l'équipe, dans le tour bus. Comment gères-tu ton intimité ? Comment fais-tu pour te retrouver ?
Masato : Je les ignore et m'isole. Quand j'ai besoin de me retrouver, je vais me balader seul dans la ville dans laquelle nous jouons. J'écoute de la musique, avec mes écouteurs. C'est important de créer ces petits moments rien qu'à soi. Tous les membres du groupes le comprennent. Nous sommes des amis proches, on a pas besoin d'être collé l'un à l'autre toute la journée. Ce n'est pas si compliqué pour moi de créer ces moments.

La vie sur la route t'a t-elle appris quelque chose ?
Masato : Ça peut foutre en l'air certaines relations. C'est dur de garder en bonne santé ces deux vies. Voyager m'a fait prendre conscience de la fragilité des relations humaines. Mais en fin de compte, ce truc fait partie intégrante de moi-même. Les gens doivent faire avec ou me quitter. Si ça ne fonctionne pas, c'est que ça n'a probablement pas raison d'être.

Quel est ton but pour 2015 ?
Masato : Tourner. Je crois qu'il va falloir attendre 2016 pour un nouvel album et une tournée mondiale en tête d'affiche.