Chronique | Wolves in the Throne Room - Crypt of Ancestral Knowledge

Maxine 12 octobre 2023

Après la sorti du froid et vif Primordial Arcana en 2021, première œuvre autonome du groupe (en plus de l'écriture et de l'interprétation, les deux frères Weaver et le guitariste Kody se sont occupés de tous les aspects de l'enregistrement, de la production et du mixage dans leur propres studios The Owl Lodge dans les bois de l'état de Washington), Wolves In The Trones Room ressort de la forêt cet automne avec Crypt An Ancestral Knowlegde.

Entre le réalisme d'une nature sauvage frigorifiée et la beauté mystique d'un environnement magique, le voyage commence dans une symphonie agitée au sommet d'une montagne sacrée où un rituel semble se préparer. L'évocation de la rune Othila (ou Othala "patrie" ou "domaine", utilisée dans la divination nordique en respect pour les anciens, tant pour leur héritage matériel que spirituel) nous oriente vers un rite de passage pendant lequel les guitares sont lourdes sur une voix parfois belliqueuse, parfois implorante. Le dynamisme du triskèle littéralement évoqué ici (symbole des trois cycles de l'âge, des trois éléments ou encore du cycle sommeil/rêve/éveil) fait écho aux notes tourbillonnantes et intenses qui nous transcendent. Odin, dieu suprême qui affectionne le sang des rois sacrifiés, se tient derrière nous telle une ombre éveillée et menaçante dans cette ambiance sanglante teintée de douleur. Entre notes lancinantes, rythme effréné et teintes plus atmosphériques créant un équilibre majestueux, Beholden to Clan est une parfaite introduction a cet EP. Notons que Cedar Serpent (Aaron Weaver, co-fondateur du groupe), récemment revenu sur scène après une longue interruption des performances lives, interprète la guitare et la voix sur le second morceau Twin Mouthed Spring. Le son est plus mélodieux, les guitares acoustiques sont douces, le chant plus posé et contenu qu'auparavant bien qu'une aura grandiose fait toujours office de toile de fond.

Les thèmes chers au groupe sont toujours présents : le chaos fait naitre la lumière, les sorcières et les druides cohabitent dans une forêt ancestrale distordue et poétique, les divinités sont partout. La réinterprétation industrielle atmosphérique de Spirit Of Lightning qu'est Initiates of the White Hart nous montre une autre facette du groupe. Si ce premier était un fragment plus terre à terre de l'album Primordial Arcana et rendait hommage aux connections que les hommes pouvaient créer entre eux, notamment via la musique, ventant leur vertus et ce de génération en génération, cette réinterprétation a des airs d'invocation chamanique psychédélique. La voix, proche d'un chuchotement onirique, nous pousse dans des contrées profondément plus sombres entre rêve agité et tendre cauchemar. Crown of Stone, intimement reliée à Mountain Magick, titre du précédant opus qui nous emmenait avec énergie au plus proche du ciel et le plus loin possible de notre monde, fini de nous bercer dans l’évanescente lourdeur des nuages automnale.

S'il peut s'écouter seul, Crypt An Ancestral Knowledge est aussi une luxueuse annexe du précédent opus, les deux œuvres formant ensemble un chemin vers une évasion au plus profond de leur divine foret celtique comme au plus profond de nous même.