Chronique | We Are The Line - Songs of Light & Darkness

Pierre Sopor 4 juin 2018

Il n'aura pas fallu bien longtemps à WE ARE THE LINE pour sortir la suite de Through the Line, premier EP sorti fin 2017 et qui nous permettait de découvrir l'univers mélancolique du projet. Songs of Light & Darkness est donc le deuxième EP d'une trilogie annoncée. Dès l'artwork abstrait et mystérieux aux couleurs qui évoquent plus un ciel gris et NINE INCH NAILS que le beach-volley et la joie de vivre, on sait qu'on est en terrain familier : les cinq morceaux du premier EP avaient posé les bases d'une esthétique sonore identifiable dont on attend qu'elle se prolonge ici.

Le lien entre les deux EPs est explicité d'emblée, en citant en introduction le titre Shinging Edge qui concluait Through the Crack, Songs of Light & Darkness se pose comme sa suite directe. Pas de bouleversement majeur à prévoir, mais l'assurance de retrouver un style qui se peaufine, mûrit et se développe. C'est drôle : dans notre chronique du premier EP, on mentionnait le chant qui manquait parfois d'assurance. Dès Man of Misfortune, son évolution se fait sentir : très présent, plus poussé et assumé, ses accents plaintifs créent un contraste avec des beats plus rapides et oppressants, se faisant vecteur d'émotions. WE ARE THE LINE mélange toujours aussi habilement les rythmiques électroniques névrosées aux ambiances plus contemplatives, illustrant une certaine forme de schizophrénie (le mystérieux artiste derrière le projet parle toujours en disant "nous", mais on "les" soupçonne fortement de cohabiter dans une seule et même enveloppe). L'ambiance est au repli, à la défaite : Songs of Light & Darkness est un disque qui sent l'automne et la pluie qui coule sur les carreaux. Autant dire que sa sortie pile à temps pour l'été apporte un souffle d'air frais plus que bienvenue.

Régulièrement, les nappes plus éthérées et apaisantes, voire lumineuses, sont troublées par divers nuisances électroniques qui assombrissent le tableau. L'instrumentale An Hymn for The All et son début très instrumental, qui arrive à la moitié du disque, est un bien bel exemple de l'alchimie proposée par WE ARE THE LINE : quelque chose d'à la fois froid et sensible, humain et synthétique, intense et contemplatif. Si encore une fois, l'ombre de NINE INCH NAILS (période The Fragile et With Teeth) plane sur le projet lors de Untold Story et ses beats lancinants, sa guitare lointaine en intro et ce chant à la fois séduisant et menaçant, on pense aussi à GARY NUMAN et à DEPECHE MODE pour les sonorités plus pop.

Avec son deuxième EP, WE ARE THE LINE continue de mettre en place son univers sobre et élégant où les synthétiseurs sont rois et où amertume et apaisement vont de paire. La suite est déjà annoncée pour bientôt et devrait à nouveau confirmer tout l'intérêt que l'on place dans ce jeune projet à suivre !