Chronique | Vyrant - Exordium

Spoon 14 avril 2018

Un exorde, ou prélude, a la fonction d'introduction en vue de captiver un éventuel audimat. Un nom qui convient parfaitement au premier album du trio australien qui compose VYRANT. Bien que n'étant pas à leur premier coup d'essai – une démo éponyme et un EP nommé RuinationExordium est donc présenté comme étant le premier moellon du groupe au nom bien abscons.

Fort de ses huit titres, ce dernier affiche un death metal qui peut rappeler ce que faisait GOJIRA à leurs débuts, notamment en les titres de Creed ou, plus flagrant, de Dethroned. Cela n'empêche pas le groupe d'aller puiser ses influences ailleurs, notamment dans les scènes thrash, groove ou encore black. Dans l'ensemble, Exordium est structuré sur le schéma traditionnel avec des couplets bien nerveux et des refrains généralement plus aériens. L'avantage est que l'on notifie bien plus aisément les audaces du groupe. On trouve de bonnes surprises avec des passages crescendo, attisant la mèche avant que n'explose la dynamite, sur le pont de The Arsonist ou encore celui de Vore, que l'on détaillera un peu plus loin.

Néanmoins, l'impact de la découverte peut vite s'estomper pour laisser place à la monotonie où l'ensemble devient vite répétitif si on se laisse distraire. Certaines pistes se ressemblent plus ou moins, malgré la multitude de rythmes qui les compose et la puissance de certains d'entre eux. Warmachine est une cascade de riffs pouvant aussi bien basculer vers un tempo core typé LAMB OF GOD – avec des breakdown subtils mais puissants – que vers un blast de black metal. Ces derniers se retrouvent sensiblement sur Vore qui a tout pour être le titre phare d'Exordium. La piste amène sur la table de gros couplets bien gras, alternant riffs briseurs de nuques et blast nerveux, pour enchaîner sur un refrain qui s'inscrit dans la continuité de la chanson en toute fluidité et ce même avec le soupir juste avant. A ceci s'enchaîne un solo rythmique basse / batterie avant que vienne s'installer un jeu aérien et menaçant, laissant planer un gros parpaing de Damoclès qui finira par tomber en guise d'outro et faire des ravage à notre anatomie nucal.

Ce n'est qu'un détail, mais l'usage d'effets post production, notamment les coups de semonce sur Gustav et Warmachine, pourraient être plus travaillées voire occultés. La différence de volume couplée à la saturation donne l'impression que la musique saute comme à l'époque des baladeurs cd. Un élément superflu qui n'ajoute pas grand chose à une batterie déjà bien présente et qui fait très bien son travail ; tellement bien que la guitare gagnerait à être mise en avant, les percussions prenant le pas sur les cordes. L'effet est d'autant plus amplifié lors de l'écoute avec un casque où il faut tendre l'oreille pour notifier toutes les subtilités de l'instrument. A cela, il serait judicieux que la basse se libère de la guitare, qu'elle s'impose et aille vers sa propre rythmique voire son quart d'heure de gloire lors des simples sweeping de sa consœur.

On peut dire que c'est oral réussi pour VYRANT qui remporte haut la main son épreuve de rhétorique avec un Exordium convaincant. Il reste quelques ajustements à faire qui le seront avec l'expérience mais ce sont sur les félicitations du jury que le groupe fait son entrée sur la scène metal.