Chronique | Vulture Industries - Stranger Times

Pierre Sopor 18 septembre 2017

Avec The Tower, sorti en 2013, VULTURE INDUSTRIES trouvait la bonne formule pour son projet et sortait son album le plus abouti. Il est difficile d'exprimer ce qu'on attend de Stranger Times, tant ce qu'on attend du groupe norvégien est justement l'inattendu, mais c'est avec un plaisir certain que l'on retrouve leurs compos théâtrales et grandiloquentes à la FAITH NO MORE, où se mélangent un metal progressif d'avant-garde et des inspirations cabaret, mais aussi leur superbe pochette, à nouveau signé Costin Chioreanu.

Dès Tales of Woe, VULTURE INDUSTRIES s'amuse à nous promener entre les choeurs du début et un final exalté à la batterie frénétique. C'est sur la deuxième piste, As the World Burns, que les choses s'emballent pour de bon. VULTURE INDUSTRIES se débarrasse le temps du titre des sonorités metal pour un morceau au rythme plus lent, sombre et séduisant que ne renierait pas TOM WAITS. Il n'aura fallu que deux pistes aux norvégiens pour nous convaincre que Stranger Times serait une nouvelle réussite. Avec Strangers, le groupe réussit à instaurer une ambiance mélancolique, aux cuivres funeste et au refrain entêtant. Ce début d'album est étrangement accessible, plus rock, s'éloignant des folies passées qui flirtaient avec le doom. C'est efficace et accrocheur, et ce n'est qu'avec Something Vile qu'on retrouve des sonorités plus proches des précédents albums de VULTURE INDUSTRIES, aux guitares lourdes et menaçantes. Se reposer sur ses acquis semble définitivement exclu pour les norvégiens, qui réussissent à ne jamais se répéter et ne jamais être prévisibles. My Body, My Blood vient le confirmer : alors qu'on est plus habitués à leurs délires excentriques épiques, voici un morceau court, acoustique, triste et tout simple. C'est beau aussi, la simplicité. De manière générale, la durée des morceaux a d'ailleurs diminué, ce qui n'enlève rien à leur potentiel et leur richesse. Gentle Touch of a Killer permet de remettre une louche de doom avant de s'emballer dans sa deuxième partie. Si Screaming Reflections vous semble étrange, avec son début quasi à capella, attendez Midnight Draws Near, l'incroyable conclusion de cet album. Avec un chant théâtral que n'aurait pas renié DANNY ELFMAN, ce morceau rappelle le talent du groupe pour les pièces narratives : c'est fou, varié, inclassable et ambitieux.

Avec Stranger Times, la musique de VULTURE INDUSTRIES s'éloigne un peu de la lourdeur de The Tower, des titres comme As the World Burns ou My Body, My Blood n'ayant (presque) plus rien de metal. La musique déjantée et exubérante du groupe norvégien ne convaincra peut-être pas tout le monde dès la première écoute, tant elle est imprévisible et variée, mais ils réussissent néanmoins un double coup de force : réussir à nous surprendre encore, et surtout, rester fidèle à leur univers si unique.