Chronique | The Soft Moon - Deeper

Cécile Hautefeuille 31 mars 2015

Cela fait plusieurs semaines que le nouvel album de THE SOFT MOON tourne aux headquarters de VRDA sans pouvoir y associer une chronique. L’objet est original, détonnant, déroutant, mais peu homogène. Il est difficile d’en garder une impression générale. Le seul fil rouge de cet album est sa noirceur profonde. On en ressort plus sombre après chaque écoute. S’il fallait reconstituer l’intention initiale du groupe, on songerait à la recréation de l’univers gothique pré 90’s. Deeper concentre un peu toutes les influences de la musique dark en essayant de faire cohabiter les deux branches industrielle/electro et gothic rock/post-punk. Il y a cette impression de forcer le bébé à re-rentrer dans l’utérus de maman pour voir si le mélange tient toujours. Il tient, parfois. Cet album est composé de jolies musiques dark-wave qui mêlent une ligne de basse lourde et effets de synthé retro, des voix parfois criardes et lancinantes ambiance post-punk (à l’instar de Far), parfois plus cold-wave, froides et sensuelles (comme Wasting et Try). On se promène sur des balades froides et harmonieuses avant de s’entailler sur des dissonances organiques qui nous rappellent à la vie et à la douleur. Mais THE SOFT MOON ne joue pas que sur la corde du retro et propose des compositions postmodernes à foutre le vertige. Le single Black en est l’exemple même. Danser, vaciller, resté prostré ? Les réactions physiques ne semblent pas naturelles à l’écoute du morceau, tant il innove. De même pour Wrong, résolument moderne, qui rappelle les boîtes electro des années 2010’s. Deeper, qui donne son nom à l’album, est une expérimentation bruitiste, industrielle et tribale qui laisse perplexe. ‘Being’, qui clôt l’album, est un beau trompe-l’oeil qui débute en douce mélopée gothique pour finir dans un vacarme de six minutes. THE SOFT MOON touche à toutes les musiques dark en y déposant sa marque singulière, et ce avec une facilité déconcertante. Les auditeurs, eux, iront plus volontiers vers leur style favori en abandonnant peu à peu les autres titres, tant l’écart est grand.