Chronique | The Frozen Autumn - The Fellow Traveler

Tanz Mitth'Laibach 31 octobre 2017

Avec sa musique froidement douce, d'une mélancolie très coldwave, le groupe italien THE FROZEN AUTUMN incarne à l'instar de ses compatriotes de KIRLIAN CAMERA la face la plus calme de la darkwave, ce vaste carrefour entre musiques gothiques et électroniques qui sévit depuis les années 90 ; désormais réduit au duo des chanteurs-claviéristes Arianna et Diego, il revient avec son sixième album The Fellow Traveler le 3 novembre prochain, et les cinq albums précédents ayant été de bonne facture, cela ne peut qu'exciter la curiosité des amateurs de darkwave !

Disons-le tout de suite : The Fellow Traveler est un album qui correspond à nos attentes, fidèle au style et au talent de THE FROZEN AUTUMN.

En effet, dès la première piste Tomorrow's Life, on retrouve tout ce que l'on aimait chez THE FROZEN AUTUMN : ses sonorités électroniques délicatement froides, sorte de variante réfrigérante de la synthpop, dans lequel s'étend un chant lyrique chargé de mélancolie, ici assuré par Diego ; tout le talent de THE FROZEN AUTUMN est d'exprimer une émotion glacée, comme figée dans un univers musical glacial, le groupe se qualifie d'ailleurs lui-même de "frozen wave". Le cocktail est particulièrement réussi sur ce premier morceau, où l'on se laisse immerger sans difficulté. Si l'album a sa personnalité, un brin plus onirique que ses prédécesseurs, habité par le thème du voyage, le style dans lequel il s'inscrit est du THE FROZEN AUTUMN pur jus.

Ainsi entend-t-on se succéder de très bons morceaux qui, sans jamais tout à fait nous surprendre, nous ravissent à chaque fois en nous proposant une nouvelle étape dans ce voyage polaire : le minimal White On White, où c'est cette fois Arianna qui assure le chant, et le très onirique We'll Fly Away avec son intro maritime qui rappelle l'album Alpha Omega de PROJECT PITCHFORK font particulièrement effet, d'une manière générale on se laisse facilement prendre aux mélodies portées par les nappes de synthétiseur. Hélas, le voyage paraît brusquement s'enliser arrivé à A Gentle Flame : ici, la mélodie ne prend pas, le morceau n'est pas spécialement rythmé non plus, les sons restent pauvres, Arianna elle-même semble ne pas très bien savoir où elle va... Grey Metal Wings qui lui succède ne fait malheureusement pas mieux, malgré une introduction prometteuse. Fort heureusement, le voyage reprend avec Sirens And Stargazers, dont la construction décousue est un des rares moments où l'album nous prend de court. C'est alors que nous arrivons au chef d'œuvre du disque : The Twin Planet, et cette fois, avec son ambiance lugubre et son sifflement fantomatique, l'immersion est totale, nous sommes véritablement ailleurs ! On pense à The Echo Of My Lies, autre morceau exquisément sombre du groupe. Une fois passé ce sommet, l'album finit de façon fort respectable entre I Love You But I've Chosen Synthetizers (!) où le chant lyrique d'Arianna fait des merveilles et Loving The Alien, reprise subtilement glacée de la chanson de DAVID BOWIE. Passé le malheureux passage à vide de A Gentle Flame et Grey Metal Wings, cette deuxième partie de l'album s'est avérée la plus riche et la plus surprenante.

C'est donc à nouveau d'un bon disque qu'il s'agit, qui ravira ceux qui aiment THE FROZEN AUTUMN, à la fois rêveur et glacé. Tout cela est certes un peu kitsch, car on sent bien que le groupe n'a jamais vraiment quitté les années 80/90, mais tellement délicieux !