Chronique | The 69 Eyes - West End

Pierre Sopor 19 novembre 2019

Douze albums et, toujours, la même certitude : même quand les 69 EYES nous chantent la fin du monde occidental, on devrait s'amuser. Le groupe finlandais sait y faire pour convoquer toute une imagerie gothico-horrifique gentillette, au final aussi inoffensive qu'un épisode de la Famille Addams, et divertir son public avec ses hymnes rock'n'roll décontractés et second degré.

West End attaque d'ailleurs fort dans ce registre en invitant dès Two Horns Up, le premier morceau, un maître du kitch, seigneur vampire-des-ténèbres pailleté et de la fiesta costumée, l'inimitable Dani Filth. Ses borborygmes s'associent très bien à la voix grave de Jyrki 69 et cette espèce de hard rock gothique est, avec sa panoplie d'artifices (la cloche en intro, mazette, ça pose l'ambiance), assez réjouissant. Les blasphémateurs diraient qu'on tient là le croisement idéal des SISTERS OF MERCY et de TYPE O NEGATIVE et que si on avait prévu d'inviter des pom-pom girls à sa soirée d'Halloween, West End s'annonce comme la bande-son idéal.

Les titres se suivent et se ressemblent. On ne sait pas trop si c'est une bonne ou une mauvaise chose, puisque ça s'écoute facilement. On pourrait parier que les titres les plus mémorables seront, au final, ceux que chacun écoutera en premier, avant de se lasser d'une formule qui, d'album en album, évolue assez peu chez les 69 EYES. Les refrains restent en tête (27 & Done, Burn Witch Burn, Cheyenna), c'est facile d'accès, les durées des titres restent dans les clous attendus : West End est un produit bien calibré, amusant mais prévisible. 

Jyrki 69, en maître de cérémonie, livre une prestation théâtrale et légèrement surannée, juste ce qu'il faut. L'album tend d'ailleurs au one-man-show tant les riffs sont génériques. Ici, un seul mot d'ordre : efficacité, il faut que ça se trémousse. Certains morceaux font alors office de respiration bienvenue dans un ensemble qui finit par patiner, comme la plus nerveuse The Last House on the Left, avec en guests Dani Filth (encore lui), Wednesday 13 et Calico Cooper, la mélancolique Change et sa guitare plus en avant ou Be Here Now et son ambiance plus lugubre.

Succession de hits, West End tient plus de la compilation que l'on peut écouter dans n'importe quel ordre et qui se découvre en live que de l'album dont l'ensemble puissant. C'est fun, le côté so dark rock'n'roll décalé fait le job un temps, et puis après quelques titres on a le droit de passer à autre chose pour mieux y revenir plus tard.