Chronique | Terence Fixmer - Depth Charged

Cécile Hautefeuille 23 février 2015

Les concerts de TERENCE FIXMER sont toujours une expérience singulière à vivre. On y croise des adeptes de tous âges et de tous horizons : des petits jeunes à la mode electro parce qu’ils ont baigné dedans quand ils étaient petits, des allumés qui ont confondu la techno avec un bordel (si, et ils sont nombreux), des fans de techno qui suivent le parcours de leurs DJs préférés, des raveurs qui n’ont pas eu leur dose, et des échappés d’une scène plus sombre qui ne sont pas très sûrs de vouloir se mélanger aux effluves corporels de la liste sus-citée. Avec Depth Charged, TERENCE FIXMER évolue encore dans sa musique avec l'envie d’explorer les émotions dans ce qu’elles ont de plus profond et de plus noir. La techno minimaliste qu’il produit habituellement est déjà difficile d’accès, mais cette fois-ci, l’artiste nous plonge dans un voyage introspectif dont on ne ressort pas indemne. Il sera bien malaisé, pour vous créatures de la nuit, de danser sur la majorité des titres de cet album. La rythmique qui est bien souvent le seul repère de l’electro minimal, est parfois irrégulière, rompue ou dissimulée (Fleeting Beauty, Purity, Elevation), laissant les corps se mouvoir, disloqués, là où l’obscurité les appelle. Beaucoup de ces mélodies ultra-répétitives se verraient parfaitement intégrées dans un jeu de survival-horror (Purity, Inside of me, Beyond) tant les accords discordants nous poussent inextricablement dans une angoisse hitchcockienne. À ce propos, si Inside of me et son corollaire Outside of me reflètent réellement la vie intérieure de TERENCE FIXMER, on la lui laisse de bon coeur (avec une ordonnance psychiatrique). Inside of me est d’ailleurs l’objet central (la 5ème piste sur 10), le noir profond de cette introspection, et le producteur français utilise toutes les influences de l’electro pour nous plonger dans ce rêve éveillé. Ellipse sonne comme l’appel de monsieur Loyal à son public pour prévenir que le spectacle va commencer, avec des sons martiaux / indus. Fleeting Beauty dérange un peu plus avec ses beats irréguliers, tandis que Unforeseen, sur des rythmes de trance très communs, distord l’univers onirique propre à la trance en cauchemar angoissant. Purity est le véritable ovni de l’album, rappelant follement le combat final de Jill contre Tyrant dans le tout premier Resident Evil. Beyond évoque plus volontiers les influences EBM et il n’étonnerait personne d’entendre le gémissement lancinant de DOUGLAS MCCARTHY au détour d’une mesure. Pallid Light nous emmène dans des chemins plus explorés de la techno, tandis que Thoughts se balade entre rythmique de techno dub et mélodies enchanteresses de trance. Enfin, Elevation nous ramène doucement à l’éveil, à la conscience, à la vie normée. Un opus haletant qui déboussolera même les plus avertis.