Chronique | Sonic Area - Ki

Pierre Sopor 31 janvier 2021

Après le best-of Eternalism sorti en 2018 dans lequel Arco Trauma proposait de revisiter son oeuvre avec une collection qui permettait d'en apprécier toute la richesse et la diversité, on était en droit d'attendre de SONIC AREA une nouvelle évolution. On fait confiance à l'artiste pour ne pas se répéter et après les atmosphères hantées et gothiques de Music for Ghost, les sonorités plus cyberpunk de l'album collaboratif We Are the Alchemists ou le futuriste et lumineux Eyes in the Sky, on avait hâte de voir où Ki nous emporterait.

L'artwork et le titre sont évocateurs, bien sûr, Ki désignant au Japon le "souffle" ou "l'énergie" vitale de chaque individu. Au cours des dix titres instrumentaux, l'album rend humblement hommage à cette culture avec ce mélange d'élégance et de discrétion que l'on connaît. On se laisse transporter par le minimalisme des cordes orientales qui, dans leur répétition, hypnotisent l'auditeur pour le plonger toujours plus profondément dans le labyrinthe musical intérieur tissé, une fois encore, par SONIC AREA. On en apprécie tout particulièrement les textures sonores, Arco Trauma prouvant une fois encore qu'il est un maître en sound design, nappes électroniques et sonorités organiques créant un espace propice à la méditation et à une forme de narration mystérieuse. 

De cet ensemble spirituel et apaisant dont la poésie rappelle forcément les films de l'inévitable Miyazaki et leur souffle si particulier, les moments de grâce se succèdent : il y a par exemple The Praying Mantis et ses cordes qui ne sont pas sans rappeler la sobriété mystérieuse de Josef Van Wissem (Only Lovers Left Alive, mais pas que), les cuivres mélancoliques de HINT sur Gardens, les percussions martiales et les clameurs des TAMBOURS DU BRONX sur l'intense Gongwar, l'ambiance mélancolique et contemplative de Blowind ou encore la dimension cinématographiques de Wata... mais l'ensemble défile avec harmonie, captant notre âme sans ne jamais la relâcher, arrêtant à sa façon le temps.

SONIC AREA n'est plus aussi sombre et torturé qu'il y a quelques années. Ki est un album apaisé, zen, parfait pour méditer ou juste pour prendre le temps de respirer, d'apprécier le passage du temps, ou même le silence qui suit l'écoute. Les nappes futuristes épousent harmonieusement les divers sons plus traditionnels dans un ensemble cohérent et élégant, prouvant à nouveau que SONIC AREA est un maître incontournable en son art.