Chronique | Skinny Puppy - HanDover

Pierre Sopor 25 octobre 2011

Après avoir été repoussé pendant des années, le nouveau SKINNY PUPPY sort enfin. Il ne s'appelle plus In Solvent See, on remplace le jeu de mot avec "Insolvency" par un autre donc, comme pour oublier peut être les problèmes financiers du label SPV. Depuis Mythmaker, Nivek Ogre a eu le temps de sortir deux albums solos avec OHGR, qui lui auraient permis de recadrer ses deux projets afin de mieux les différencier. Et en effet, si quelque chose se dégage très vite de HanDover, c'est qu'on est loin de la linéarité des deux précédents albums, et que les cotés les plus pops de SKINNY PUPPY semblent avoir été exorcisés. Plus fou et difficile à cerner, HanDover l'est dès Ovirt, ouverture au rythme assez posé, loin des tapageuses et théâtrales I'mmortal ou Magnifishit des précédents albums. SKINNY PUPPY est plus discret, moins rentre-dedans, et l'impression se confirme avec la magnifique Cullorblind à l'ambiance oppressante très travaillée et qui se taille une place parmi les meilleures pistes qu'ils aient jamais enregistrées. On est pourtant très loin du son très EBM d'il y'a vingt ans, c'est moins sombre, plus triste, plus mélodique, laissant plus de place à des émotions nuancées. Les guitares acoustiques sur Wavy ou les violons samplés sur Ashas sont d'ailleurs du meilleur effet. Ce n'est qu'à partir de Gambatte que l'album de fait moins mélancolique, ce titre n'étant d'ailleurs pas le plus réussi de HanDover... Icktums et Point sont bien plus accrocheuse et folle, et bien plus techno aussi. Sur Brownstone, on apprécie la folie malsaine qui s'empare du chant de Nivek, absolument parfait tout le long de l'album. Avec Village, SKINNY PUPPY nous sert quand même un bon gros titre bourrin à la KMFDM, qui commence un peu comme Tanz Mit Laibach, juste histoire de prouver que les deux canadiens sont les maîtres des musiques industrielles, qu'il s'agisse d'ambiances ou de faire remuer son public. HanDover est très varié, ce qui est une habitude chez eux, mais est aussi bien plus tortueux que The Greater Wrong of the Right ou Mythmaker. SKINNY PUPPY garde tout de même une certaine douceur que le groupe n'avait pas autant avant sa reformation et qui, loin de la dénaturer ou l'aseptiser, sublime ici leur musique en lui apportant une nouvelle profondeur. HanDover réunit donc les meilleurs aspects du SKINNY PUPPY des dix dernières années, et réussit à surpasser tous ses prédécesseurs (pourtant très bons eux aussi) depuis... oh, allez, un bon bout de temps.