Chronique | Sectioned - Annihilated

Spoon 8 mai 2018

Nombreuses études se sont penchées sur le fait qu'écouter de la musique metal aiderait à catalyser sa colère et donc à s'apaiser. Si l'on suit ce raisonnement c'est donc complètement détendu et vidé de vos forces, que vous finirez à l'écoute du nouvel opus des écossais de SECTIONED, déjà considéré comme l'album de mathcore le plus extrême de l'année. Avec un nom comme Annihilated, on a déjà un aperçu de ce qui va arriver, un peu comme attendre sur les rails le train qui va venir nous percuter. Alors, on le prend ce train ?

Avant tout, on va se mettre en condition. SECTIONED construit ses titres en alternant coordination et désordre. On se retrouve ainsi au sein d'un même titre avec des passages techniques et maîtrisés, via une batterie faisant preuve d'une étonnante fluidité dans tout ce chaos, et ledit foutoir cataclysmique où explosent de partout grincements, grésillements, distorsions, martelages… Une folie à la fois créative et destructrice où même les temporisations, les pauses, ou les moments plus "aériens" avec l'utilisation des résonances typiques de la scène post-metal – Synchronicity – ne sont que bruits stridents, des agressions auditives.

Aucun répit donc, on est ici dans une violence auditive continue où se fracasser la tête à coups de parpaings semble bien plus molletonné pour atténuer le choc auriculaire qu'est Annihilated. Déjà, rien que le titre d'ouverture nous fait manger du gravier dès les premières secondes. Betrayer se démarque par une courte intro boiteuse mais qui se remet vite à courir de façon erratique en pulvérisant tous les murs sur son passage. Ce titre est la définition même de la brutalité, quoique Victorious, Neverending est pas mal non plus. Du gros chaos musical qui reste maîtrisé et contenu… Enfin, c'est une façon de parler puisque ça détone de tous les côtés, notamment sur la fin de la piste qui est une véritable déflagration de riffs effrénés.

On reprochera seulement un manque de discernement au niveau des titres, qui se ressemblent tous plus ou moins au final. Ce sera un riff par ci pour un blast par là qui fera que l'on retiendra une piste plutôt qu'une autre. L'uniformité de la voix prêche aussi dans cette direction : ça gueule pour gueuler et il n'y a aucune variation dans le spectre vocal. Cela constitue néanmoins un excellent exutoire ceci dit. Malgré cela, SECTIONED arrive à faire ressortir une sorte de melting-pot des musiques extrêmes, où Starved Lives s'inscrit dans du deathgrind tandis que Portrait est un clin d'œil au nintendocore. Eigengrau s'inspire quant à elle du slam brutal death dans sa partie instrumentale avec une voix faisant penser à celle de TODAY IS THE DAY, hurlée et saturée.

Bref, Annihilated est un album épuisant qui aspirera toute votre énergie pour vous la bombarder par la suite en pleine face et sans retenue. Se faire percuter par un train semble moins douloureux après cette expérience. Apprêtez-vous à être brisé, sectionné et pour finir... annihilé.