Chronique | Revolting Cocks - Sex-O Olympic-O

Pierre Sopor 3 mars 2009

Les Revolting Cocks, contrairement à Ministry, survivront à la retraite d'Al Jourgensen. Plutôt que de faire disparaitre son deuxième groupe, il a préféré le faire évoluer, en faire une 'franchise' et le donner à trois nouveaux musiciens : Josh Bradford, Sin Quirin et Clayton Worbeck, qui devront faire trois albums avant de, à leur tour, passer le flambeau. Il ne faudra d'ailleurs plus dire 'The Revolting Cocks', mais 'RevCo'. Avec le départ de l'Oncle Al, on ne pouvait que craindre une perte d'âme dans ce projet récréatif ultra-jouissif, totalement barré et spontané, peut être même plus intéressant que Ministry ses dernières années. Celui-ci reste pourtant la pour superviser ce 'Sex-O Olympic-O', qui tente de conserver un aspect cow-boy dingo sous acides très second degré. Dès l'ouverture sur 'HookerBot3000' on sent aussi l'orientation dancefloor que prend le trio, la musique est plus disco que rock. Ça sent très bon la blague, le délire qu'on aurait aimé peut-être plus occasionnel. Car c'est tout l'album qui gardera ce ton festif et déconneur, mais hélas pas assez varié : on reste souvent sur le thème de gros cow-boy bien machos sur fond disco-rock, avec un refrain plus déjanté. La meilleure illustration reste 'I'm Not Gay', énorme private-joke diffusée avant les concerts de la dernière tournée de Minitry. Mais présentée dans le contexte de 'Sex-O Olympic-O', la blague fait moins rire et parait moins bonne, probablement à cause d'un sentiment de répétition. Si le nouveau trio s'éclate, essayant de varier les plaisirs (l'intro plutôt rock de 'Red Parrot' n'a rien à voir avec la première partie de 'Touch Screen' qui rappellerait presque Mika...), il est difficile de rester captivé très longtemps. Finalement, les meilleurs moments de l'album restent ceux où l'on peut entendre la voix de Jourgensen, donnant du relief et insufflant de l'âme à des RevCo qui se cherchent encore. 'Sex-O Olympic-O' n'est pas un mauvais album. Mais on est très loin du meilleur album sur lequel Al Jourgensen n'ait jamais travaillé, selon ses propres mots. On sent que les Revolting Cocks subissent une mutation, ou plutôt une résurrection. Que le fond sera forcément différent, ce n'est plus un projet récréatif mais le groupe principal de ses musiciens, qui oscillent encore entre l'héritage du passé et le futur vers lequel ils veulent amener leur nouveau bébé.