Chronique | Polichinel - Les Spirales de l'Anti-Thèse

Pierre Sopor 19 décembre 2013

DNA Noir, l'homme derrière le projet POLICHINEL est un hyperactif, au point qu'on aurait presque du mal à le suivre. Sortant au moins un album par an, Les Spirales de L'Anti-Thèse suit donc l'excellent Vésanie de quelques mois. Confirmant la métamorphose du projet opéré depuis Archétype d'Une Roulette Russe, il est inutile de chercher dans l'album l'onirisme ou le romantisme des débuts : POLICHINEL a muté définitivement, bye-bye les marionnettes, les dix pistes qui composent cet album sont remplies de la hargne de l'auteur, de sa haine, son mépris, et de son désespoir. Dans Notice, l'introduction à ce nouveau cauchemar, avec la musique du générique de la série American Horror Story composé par Charlie Clouser en fond, DNA clame "va niquer ta mère Nietzsche!", avant de signer quelques fulgurances plus poétiques ("je rêvais d'un conte de fée, j'ai hérité d'un générique de fin" dans la très baroque Cierges, une des meilleures pistes de l'album). Malgré la violence affirmée, la magie continue d'opérer, que ce soit grâce à la mélodie empoisonnée de Kuzak ou de la frénésie et la démence de Exit. En plus de sa musique, à laquelle, album après album, aucune étiquette n'arriver à coller (trip hop? electro dark? hip-hop? indus?), POLICHINEL développe son univers, et Les Spirales de L'Anti-Thèse est également le titre d'un livre répondant thématiquement à l'album, et où l'on retrouve la même dualité entre fantastique et réalisme cru et parfois sordide. Et même si désormais on connait la recette, la musique de POLICHINEL continue de nous fasciner et de nous piéger. L'auteur annonce déjà une suite prochaine, Le Serpent Acéphale. Comme d'habitude, on ne souhaite pas à un artiste de prendre du recul, mais on espère tout de même qu'il ne finira par se répéter, tomber dans la caricature ou nous lasser. Ou pire, se lasser lui-même. En attendant, on peut se repasser Encres, Cierges, Kuzak ou Exit et se convaincre que tant que tout ira mal dans l'univers de POLICHINEL, tout sera pour le mieux.