Chronique | Paradise Lost - Obsidian

Pierre Sopor 18 mai 2020

PARADISE LOST avait annoncé un retour à un son plus varié sur Obsidian, un ensemble moins violent que The Plague Within et Medusa et où le guitariste Gregor Mackintosh laisserait à nouveau parler ses amours gothiques. Il faut dire que, tout comme son binôme de chanteur Nick Holmes avec BLOODBATH, il a eu l'occasion de se défouler avec ses autres projets VALLENFYRE et STRIGOI.

La promesse est alléchante et, avouons-le, tenue dès les premières secondes d'Obsidian. Commencer sur le titre le plus fort de l'album est un choix malin : avec son chant discret et minimaliste et sa montée progressive, Darker Thoughts est un coup de maître. Des violons écorchés et un growl abyssal propulsent cette ouverture vers des sommets d'intensité et d'émotion : ça le fait grave. PARADISE LOST ne renie pas ses penchants doom / death récents, loin de là : l'harmonie entre ces éléments rugueux et le spleen gothique fonctionne à merveille. L'ombre de Fall From Grace rappelle encore fortement les deux derniers albums du groupe anglais, mais avec sa mélodie qui se loge en tête (à la manière de No Hope in Sight, en 2015), sa rythmique lourde et son refrain en voix claire, elle a tout du tube mémorable. Mais rien n'est plus tubesque que Ghosts, où Mackintosh nous plonge dans une ambiance brumeuse façon THE MISSION ou THE SISTERS OF MERCY et que Holmes, d'une voix sépulcrale, la réverb à toute berzingue, nous hante et nous séduit à la fois. PARADISE LOST ne se parodie pas et ne se compromet pas non plus : Obsidian est effectivement un album varié mais équilibré. Nulle trace des expériences électroniques de la fin des années 90, cependant, mais une parfait concentré de noirceur et de mélancolie.

Plus qu'une synthèse du savoir-faire des anglais, l'album propose des mélodies poignantes (Ending Days ou Forsaken et ses chœurs) et incorpore avec subtilité les touches de rugosité qui s'imposent, le temps d'un riff plus agressif ou de quelques vociférations (Serenity). Le mélange est pertinent et la popotte doom / death / goth 80's fait mouche. Avec Obsidian, PARADISE LOST nous offre un album équilibré et d'une grande classe qui, en plus, pourrait servir de porte d'entrée idéale vers leur univers où nul sourire ne vient jamais briser l'obscurité.