Chronique | Otep - Generation Doom

Pierre Sopor 16 mai 2016

OTEP n'a jamais connu le même succès que les groupes phares de la scène neo-metal, mais le groupe californien a aussi su garder une intégrité et une crédibilité qui force le respect. Après quinze ans de carrière, la rage est toujours intacte et authentique. Et après deux albums particulièrement brutaux (Atavist en 2011 et Hydra deux ans plus tard), on attend forcément de Generation Doom qu'il soit tout aussi furieux... Et ce n'est pas la pochette à la Mad Max : Fury Road qui va nous ôter ce pressentiment. Ni Zero d'ailleurs, qui ouvre l'album à fond la caisse : double pédale, désespoir et hurlements sont les ingrédients d'une entrée en matière tout en violence, à défaut d'être originale. Feeding Frenzy continue sur le même rythme déchaîné, et pas de doute : Generation Doom sera du OTEP dans toute sa splendeur, avec ses couplets déclamés et ses refrains beuglés par une Otep Shamaya toujours aussi remontée et engagée, au débit aussi impressionnant qu'à l'accoutumée. Et pourtant, Generation Doom n'a pas non plus la lourdeur de Atavist par exemple, et l'album est plein de ruptures de rythme et de passages accrocheurs qui vont rester en tête un moment (Lords of War, God Is a Gun). OTEP varie les plaisirs en calmant le jeu, avec les très pop In Cold Blood et Lie ou en assumant pleinement les influences hip-hop du groupe sur la très agressive Equal Rights, Equal Lefts, et s'offre même une nouvelle reprise surprenante en s'attaquant à Royals de LORDE. Soyons clairs, Generation Doom n'est pas une révolution : on y retrouve tout ce qu'on aime chez OTEP, et pour quelques morceaux plus anecdotiques, l'album regorge aussi de perles de noirceurs, d'agression, d'énergie et de violence qui collent la patate et donnent envie de balancer des coups de pieds dans des trucs, comme si on avait dix ans de moins. OTEP ne vieillit pas, et pour leur première sortie sur Nuclear Blast les californiens semblent même se bonifier. On est en terrain connu, certes, mais la sincérité et l'efficacité du résultat impose le respect.