Chronique | Neuroticfish - A Sign of Life

Cécile Hautefeuille 27 mars 2015

Dix ans. C’est le temps qu’aura mis NEUROTICFISH pour créer A Sign of Life. La scène a évolué depuis. A tel point qu’il eût été impossible de prévoir de quel genre de bébé le groupe allemand allait accoucher. C’est d’ailleurs devenu leur devise. Se faire rare. Se faire attendre. Optimiser l’écoute de leur musique en apparaissant au compte-gouttes, vaporeux, évanescents.

Le style qu’ils se sont offerts pour A Sign of Life, cette futurepop qui apparaissait comme un effet de mode qui allait sombrer aussi vite qu’il était apparu, cette même futurepop, est ici transcendée. Production sobre et soignée, beat ralenti, mise en relief des voix, NEUROTICFISH arrive à produire une pop sombre et dynamique, industrielle et chaude. A Sign of Life nous transporte dans une autre dimension. Cette décennie leur a permis d’intérioriser tous les sons et techniques apparus depuis et de les pousser encore plus loin, les faire sien. Qui pensait trouver des sons de complextro et d’EDM au sein d’un album du Synthpop ? Ils sont pourtant subtilement intégrés à Silence et Agony. L’équilibre est le maître mot de cet album, puisqu'il allie des sons complexes en les calibrant de manière harmonieuse pour former un tout. Les paroles, elles, sont beaucoup plus tranchées. NEUROTICFISH enfonce le clou, celui de la peur, de l’angoisse, de l’anxiété, du mal-être, qui contraste avec les mélodies catchy, presque toutes tubesques. Les textes sont simples mais efficaces, ils nous plongent dans l’introspection méditative. Difficile de décomposer l’album chanson par chanson.

A Sign of Life est un tout qui fait sens, parfois plutôt synthpop, à l’instar de Opposite of Me, Blunt Force Trauma et The Creep, parfois plus electro-indus comme Depend on You et Illusion of Home, et sa version plus agressive Is it Dead avec des arrangements qui rappellent HOCICO. Agony est une tentative dub step plutôt réussie. NEUROTICFISH a le culot de se repointer au bout de dix ans et de faire passer les autres pour des ringards. Well done ! Un aparté supplémentaire pour Former Me, meilleur morceau de cet opus, qui frappe droit au coeur.