Chronique | MORGVE - XV

VerdamMnis 23 février 2019 U+06e9

Il y a 2 ans, le duo MORGVE sortait son premier album tout frais et ce fut la découverte d’une entité qui allait pour longtemps faire parler puisque s’en est suivi un album de remixes, et une série de webradios qui a vu passer tout le gratin de la witch house indépendante. La difficulté avec un second album est d’arriver à évoluer tout en dépassant dans l’imaginaire collectif le plaisir de la découverte du premier opus, c’est ce que le duo nous propose donc avec son second album : XV.

C’est avec une ouverture plutôt en retrait que commence cet album. En effet, si ce n’est par sa voix, ПТИЦЫ ne brille pas par son originalité, mais s’avère être une retrouvaille longue de quasi 7 minutes avec la voix de Nadia Giselle, plus que bienvenue. Cette entrée en matière toute en progression se poursuit avec des morceaux plus calmes mêlant glitchs expérimentaux et mélodies harmonieuses à des voix langoureuses, sur Post Mortem et Alepo.

La où leur premier opus entrait directement dans le vif du sujet, signe de maturité, XV prend son temps, pour mieux nous amener à être absorbé dans son ambiance. C’est dans ce contexte que You Sleep s’avère plus que surprenant, évoluant peu a peu d’un morceau electroclash pour devenir un hybride expérimental de witch house ultraviolente avant de se terminer sur une note plus apaisante, qui se poursuit sur Crisis Doll, le morceau suite, mené par un carillon envoutant.

C’est arrivé au sixième morceau (sur les 15 de l’album) que la progression prend tout son sens, puisque sorti de nulle part, Nefelibata s’avère être la tempête faisant suite au calme, avec une mélodie sortie tout droit d’un morceau de hardstyle, et sa rythmique trap, qui bien qu’à priori incongrue s’avère être aussi surprenante qu’efficace pour le premier morceau réellement tubèsque de l’album, ce qui fait un bien fou. Cette explosion se poursuit avec le très intimiste et pourtant particulièrement efficace Flunarizine qu’il est très difficile de décrire tant ce morceau de 7 minutes et demi se vit du début à la fin comme une expérience sensorielle.

Faisant suite à ces deux grands moments, King Shadow et Pristine s’avère être pour l’un une pause particulièrement expérimentale et violente, et pour le second une balade lumineuse et intense. Fail You fait cependant entrer l’album dans une dimension plus techno, comme avait pu l’être Fragille par le passé, ce morceau est taillé pour le dancefloor le plus obscur qui soit, évoluant tout en progression et en finesse néanmoins. Finesse qui aboutit au vrai morceau mélodique de l’album, La Ciudad Del Rencor, dont les paroles, bien qu’obscure pour un non hispanophone sont plus que mises en avant, mettant en valeur la magnifique voix qui les chante.

Les contrastes sont mis à contribution une dernière fois sur cet album avec l’hymne techno Tatsuke, qui s’avère être un des meilleurs morceaux de cet album, faisant place par la suite au trio expérimental clôturant l’album, l’ultraviolent La Panthere, le très lavanvillesque Remissio In (dont l’air principal est en fait une reprise du morceau 아무도 이기지 못한다 sorti sur une compilation en 2018), et enfin XV clôturant avec brio cet album.

Album plus intimiste que son prédécesseur, XV réussit en grande partie le pari de ne pas reposer que sur des morceaux efficaces, mais également sur des contrastes et des ambiance extrêmement diversifiées et cohérentes afin de faire exister l’album en tant qu’œuvre à part entière tout autant que certains morceaux se retrouveront assurément dans certaines playlists du genre.