Chronique | Mater Suspiria Vision - 666

VerdamMnis 11 avril 2018 U+06e9

Projet très enigmatique qu’est MATER SUSPIRIA VISION. Souvent affilié aux productions filmiques de Cosmotropia De Xam et au label Phantasma Disques, cette entité musicale se compose de la voix de Rachel Audrey et du producteur/réalisateur précédemment cité. Ce nouvel album est le premier non issu d’une BO depuis 2015 (Anthropophagus) et fait suite au très remarqué Baba Yaga dont l’EP a réuni bon nombre de remixeurs (entre autres IN DEATH IT ENDS ou MORGVE).
Cet album bien plus électronique que le précédent EP s’ouvre sur des expérimentations électroniques, suivies de plages synthétiques éthérées (Paradise Now) qui amènent directement dans l’univers de l’album, sorte de rétro horreur ambient qui n’est pas sans rappeler l’œuvre citée dans le nom du projet (le film Suspiria). S’en suit un morceau orienté new wave, Black Rain, doublé d’expérimentations vocales, donnant un aspect très cinématographique au tout, qui bien que s’éternisant un peu offre une bonne entrée en matière. Le morceau suivant, Naja Christyi, s’avère beaucoup plus accessible avec une ligne de basse entrainante et une progression expérimentale d’ambiance particulièrement prenante, le tout sur un beat downtempo que l’on penserait tout droit sortie de Oxygène de JEAN MICHEL JARRE. S’en suit un morceau beaucoup plus rapide avec Schizophrenia, progression uptempo jouant à fond la carte de l’ambiance angoissante et oppressante qui perpétue le coté immersif de l’œuvre, sans ennuyer l’auditeur. On pourra en dire tout autant du morceau suivant, Incubus, dont la construction electroclash et les carillons lancinants en font l’une des perles de cet première partie d’album.

Automatica Diavolo (Return Of The Vogue Witches) fait partie de ces morceaux dont on regrette la courte durée de 2 minutes 38 tant il constitue un point d’orgue en termes d’énergie dans cet album. Ses synthés et son coté violent contrastent avec la berceuse Satan Oh Satan qui y fait suite, qui est ceci étant tout aussi appréciable, les deux
s’enchainant avec brio. S’en suite un morceau purement new wave/electroclash, Welcome To Paradise, qui
n’aura aucun mal à réveiller ceux qui s’étaient assoupis au fond. La deuxième moitié de l’album se veut beaucoup plus musicale qu’ambiante de manière globale. Direction confirmée avec ce qui est une des perles de cet album, Vicious Elevator To The Subterranean Underworld, véritable hymne witch house pénétrant et immersif de bout en bout, auquel il est difficile de rester indifférent. L’énergie retombée, on aborde le morceau suivant de manière totalement différente,
plus calme en effet, House Of Satan joue surtout sur les effets vocaux pour instiller une ambiance quasi rituelle sur sa ligne de basse des plus efficaces. Changement d’ambiance radical mais efficace avant de revenir à quelque chose de beaucoup plus électronique avec le très dansant, et le meilleur morceau de l’album, Possession, qui n’est pas sans rappeler la musique de LIAISONS DANGEREUSES par exemple (qu’on aurait pu citer a de nombreuses reprises par ailleurs) avant que le morceau prenne un virage beaucoup plus mélodique aussi surprenant que bienvenu, rompant ainsi avec l’aspect plus d’ambiance que l’on avait rencontré jusqu’ici. Le final, Devil In Slow Motion, procure une belle conclusion à cet album, se faisant le condensé de la diversité de cet album.

L’album, qui pour sa grande partie se compose de morceaux d’ambiance qui auraient plus facilement leur place dans un contenu cinématographique, se révèle finalement dans sa deuxième moitié et surtout sur sa fin avec des morceaux beaucoup plus taillés pour l’écoute que pour la contemplation, et nous offre finalement une diversité et des ponts parfaitement effectués entre les genres. Envoutement réussi avec succès !