Chronique | Master Boot Record - Floppy Disk Overdrive

Pierre Sopor 7 avril 2020

La discographie de MASTER BOOT RECORD donne le vertige : neuf albums depuis 2016, auxquels on peut ajouter les dizaines de reprises de thèmes de jeux vidéos composées par Victor Love mais aussi son side-project KEYGEN CHURCH. Stakhanoviste du mélange entre synthwave et metal, l'Italien affole les charts et a commencé à conquérir les scènes d'Europe avec des concerts particulièrement mouvementés, preuve que l'humain s'exprime toujours dans cet univers intégralement digitalisé mais aussi que ni la lassitude ni l’indigestion ne semble guetter les fans.

MASTER BOOT RECORD s'est en effet créé un univers bien à part, où les sonorités retro sorties tout droit des 80's telles que les fantasme la scène synthwave sont hachées par des riffs particulièrement agressifs (CHKDSK.EXE). Le côté chiptune de l'ensemble a tout pour séduire un public geek qui trouve là un mélange parfait entre les OST des Doom récents signées Mick Gordon et une bonne dose de nostalgie 8-bit. Désormais signé chez Metal Blade Records, l'artiste a su se forger une identité unique à la fois ludique et agressive, tout en soignant le fan-service avec des titres et des visuels toujours plus nerd et des codes à déchiffrer pour qui le souhaite (on y gagne un titre bonus, si vous êtes joueurs, ça se passe par là !).

Au-delà du gimmick, Floppy Disk Overdrive est un album aux compositions travaillées, variées et accrocheuses où Victor Love prend le temps de soigner ses ambiances et s'oriente même vers des terrains plus progressifs (EDIT.COM). Les rythmiques cheesy et dansantes sorties tout droit du plus ringard des génériques se mélangent à une forme de grandiloquence baroque synthétisée. Quand tous les éléments se mettent en place et que la sauce prend, l'album réserve quelques passages carrément épiques (DBLSPACE.EXE), preuve que MASTER BOOT RECORD continue, malgré son rythme frénétique de sortie, à progresser et à avoir des choses à dire.

Il faut cependant bien avouer que sur la durée, cette générosité folle peut virer au too-much. Victor Love ne fait ni dans le minimalisme ni dans la sobriété et la traversée de l'album peut devenir éprouvante, nos tympans finissant par céder sous l'assaut des guitares synthétisées. Certes, MASTER BOOT RECORD gagne sa cohérence dans cet univers purement digital, mais on se prend à regretter l'absence de légères poches d'oxygène qu'auraient pu apporter les ambiances baroques de KEYGEN CHURCH ou une voix humaines, comme à l'époque des superbes featurings de Laurent Lunoir (ÖXXÖ XÖÖX, IGORRR).

Floppy Disk Overdrive est un album de MASTER BOOT RECORD, avec tout ce que cela implique de génie dans la démesure et de fun. C'est sauvage, agressif et barré. Mais aussi parfois un peu longuet. Notons tout de même que Victor Love ne se repose pas sur ses lauriers et continue d'étoffer sa musique, sortant un album de metal particulièrement technique... sans la moindre vraie guitare.