Chronique | Mari Kattman - Year of the Katt

Pierre Sopor 29 juillet 2025

En plus de Helix, son duo avec Tom Shear d'Assemblage 23, la chanteuse Mari Kattman sévit en solo depuis une petite dizaine d'années. Après avoir notamment collaboré par le passé avec Mesh, Psy'Aviah, Ivardensphere, This Morn Omina, Solitary Experiments ou encore Neuroticfish, elle confesse d'ailleurs sans peine les difficultés qu'elle a rencontrées pour achever Year of the Katt, son troisième album : se chargeant seule de la composition et de la production, elle voulait prendre le temps de maîtriser au mieux ces aspects pour être satisfaite de son travail.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça a payé et les progrès réalisés se remarquent d'entrée. Mari Kattman a gagné en puissance et s'affirme plus que jamais alors que la rythmique binaire très EBM de Typical Girl confère à son mélange synthpop / indus une nervosité et une efficacité nouvelle. Les précédents albums de Mari Kattman étaient plus atmosphériques et la retrouver dans un registre plus rentre-dedans est non seulement un bol d'air frais bienvenue mais également pertinent avec son propos: "Who's gonna love you now?" demande-t-elle dans ce qu'elle décrit comme un rejet de clichés misogynes. Même constat avec Sharp Shooter : des mélodies simples qui restent en tête, des lignes de chant qui nous séduisent facilement, des rythmiques catchy... Mari Kattman a la formule pour enchaîner les morceaux à la fois faciles à aimer et qui font mouche, dans un registre qui nous rappelle les débuts d'Ayria ou plus récemment Kanga, entre pop et influences plus sombres.

Ce qui ressort de ce Year of the Katt, c'est une impression d'efficacité permanente. Chaque titre propose une idée, une variation des compétences de l'artiste. On se laisse embarquer sans résister par Take et son côté plus EBSM futuriste et cyberpunk qui s'adoucit le temps du refrain, par la menace contenue des hypnotiques Anemia et The Worst, ou par les refrains libérateurs mais doux-amer de Little Bullet Girl et Take Myself Back. Entre revendication et mélancolie, Mari Kattman emballe son album d'émotions contradictoires et pourtant harmonieuses et insuffle à ses hymnes le supplément d'âme qui donne vie à sa musique et permet de créer une connexion émotionnelle avec ses auditeurs.

La plus grande force de Year of the Katt est finalement son énergie constante. Si Mari Kattman laisse respirer sa musique avec quelques passages plus atmosphériques (Ascending, PunisHER), une tension sous-jacente rôde toujours dans les ombres, un goût pour l'obscurité industrielle qui donne à ces rengaines pop leur épaisseur. Si vous cherchez une dose de dopamine pour vous booster, un truc décomplexé et entêtant pour transpirer cet été, quelque chose d'à la fois facile à aimer mais avec assez d'aspérités pour faire preuve de personnalité, commencez à vous échauffer : vous allez vous dandiner.

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Pierre Sopor

Rédacteur / Photographe