Chronique | Marboss - Fukushima Daiichi

Pierre Sopor 11 juin 2011

Quatrième parution du français Marboss, l'album 'Fukushima Daiichi' nous propose un état des lieux de la catastrophe nucléaire ayant eu lieu au Japon en mars dernier. Marboss nous permet, au long de ses six "sculptures musicales" de retrouver son univers feutré et son electro expérimentale et minimaliste. 'Reactor #1', ouverture très ambiante réussit par sa mélodie simple qui transparaît au travers de nappes de synthés oppressantes à nous plonger dans une ambiance sombre, presque hallucinées, comme la bande-son de la découverte d'un accident terrible que l'on parcourrait du regard. La deuxième sculpture, plus rythmée, avec ses mélodies aiguës, ses bruitages synthétiques et ses voix lointaines nous renvoie directement aux influences de Marboss, Kraftwerk en tête. Tout comme Jean-Michel Jarre, il partage avec les allemands le goût de l’expérimentation technologique, alliant modernité (voire futurisme) et musique. Enregistré en live lors d'un concert caritatif, 'Fukushima Daiichi' est imprégné tout le long d'une ambiance post-apocalyptique désabusée, une sorte de néant post-nucléaire rendu à merveille par le minimalisme des compositions de Marboss, dont la richesse n'empêche pas la discrétion. Jamais tapageur, l'album fait plus l'effet d'un rêve faussement apaisant, parfois glacial ('Reactor 5' et 'Reactor #6' ont l'air hantées), dont on ressort comme hypnotisés, on se surprend à laisser tourner chaque morceau en boucle sans même se rendre compte d'une quelconque répétition, et, petit à petit, on se laisse bercer et influencer par ses nappes atmosphériques. Véritable perle d'ambiances, 'Fukushima Daiichi' nous met face au néant, et rendrait cette sensation de fin du monde presque rassurante et chaleureuse si le tout n'était pas aussi teinté de mélancolie, voire de culpabilité suite à cette catastrophe.