Chronique | Magoyond - Kryptshow

Pierre Sopor 26 novembre 2019

MAGOYOND, quel charivari ! Le groupe existe depuis plus de dix ans, avait sorti un premier album en 2012 et puis après, ça avait été le cirque. Départ de certains, arrivée d'autres : un nouveau line-up sortait l'EP en chiptune Znake - The Game pour accompagner un petit jeu que l'on peut trouver sur le site du groupe. MAGOYOND, c'est un univers bigarré plein de savants fous, de zombies et autres bestioles, entre cabaret, horror-metal et culture geek.

Kryptshow est le vrai retour du groupe après toutes ces turpitudes et se découpe, dans sa version "deluxe", en deux parties. C'est une valse jouée à l'orgue de barbarie qui lance l'album principal. "Vous allez assister à une prestation de piètre qualité" nous promet le bonimenteur et, déjà, des relents de barbe à papa parviennent à nos tympans. Riffing lourd, chant grandiloquent, textes bien troussés : Le Chapiteau des Supplices est une entrée en matière théâtrale puissante et convaincante. MAGOYOND pioche ici, là et là-bas pour donner vie à son univers de bric et de broc, créature de Frankenstein cousue à partir de rock, de punk, de metal, de jazz, de cabaret et d'influences cinématographiques. On peut penser à Danny Elfman, MALEMORT, BAD TRIPES, CREATURE FEATURE, STOLEN BABIES...

MAGOYOND est le groupe fun et spooky par excellence : il est bien sûr question de monstres et d'horreurs, et les guitares y sont puissantes et furieuses (Syndrome cogne très fort)  mais le ton reste bon enfant et l'humour digne d'un épisode de la Famille Addams ou un vieux film de Tim Burton (Le Magasin des Suicides, avec ses airs de bande-son de Corpse Bride, inversion des valeurs entre la vie et la mort comprise, est bien plus réjouissante que le piteux film tiré du bouquin de Jean Teulé, qui n'était guère plus mémorable). Rythme soutenu, grosses guitares qui donnent envie de sauter partout, cuivres et piano distillées ici et là et comptines inquiétantes (Le Croque-Mitaine, démente) : Kryptshow est un album accrocheur, énergique et paradoxalement vivant... Pour un truc qui parle autant de morts-vivants, il y a de quoi réveiller les morts ! Essayez un peu de résister aux riffs pachydermiques du Manoir de Zack Trash, juste pour voir. 

La deuxième partie de Kryptshow, Les Chroniques de la Crypte, vaut aussi le détour avec ses versions alternatives et ses inédits qui se divisent entre instrumentales réussies (Chimera) ou hymnes décalés (Six Pieds Sous Terre, Zombitch) dont l'humour absurde trop mis en avant aurait pu casser l'ambiance macabre de l'album principal (Les Zombies, c'est un peu une farce façon FATALS PICARDS en plus méchant). Notons une reprise du Pudding à l'Arsenic d'Asterix et Cléopatre particulièrement jouissive et qui s'incruste parfaitement à l'univers de MAGOYOND.

Kryptshow est un album généreux, foutraque, fou et vivant, un truc festif décalé parfait pour une soirée d'Halloween. Vous vous sentez seul au milieu d'un cimetière ? Montez le son : si les pierres tombales commencent à se dandiner, c'est que vous vous serez fait quelques potes.