Chronique | Lord Of The Lost - Empyrean

Pierre Sopor 30 juillet 2016

Avec LORD OF THE LOST, le label Out of Line pourrait bien avoir trouvé sa poule aux oeufs d'or : avec un rythme de quasiment un album par an et un public grandissant, le groupe allemand squatte les devants de la scène depuis quelques années. Et si une telle productivité pourrait nuire à la qualité de leur travail, n'ayez crainte : les brushings et le make-up sont toujours aussi impeccables chez LORD OF THE LOST, il faut bien briller sous les projecteurs !

Sarcasmes mis à part, Empyrean se présente avec un concept dystopique (l'auteur de ces lignes s'engage d'ailleurs à offrir un verre au prochain groupe goth qui sortira un album futuriste optimiste) et un son durci, clairement plus proche du metal industriel que du glam rock gothique des débuts. Voilà qui tranche radicalement avec leur live acoustique A Night To Remember sorti l'an dernier, ainsi qu'avec leur dernier album, Swan Songs, sorti lui aussi l'an dernier, pour au final continuer sur la lancée bourrine de l'EP Full Metal Whore sorti... l'an dernier, encore. Quand on vous dit qu'ils n'arrêtent pas ces types là ! Au moins la pochette d'Empyrean n'est pas aussi beauf que celle de Full Metal Whore et se contente d'être seulement très (très) kitch.
Musicalement, on démarre fort avec Miss Machine : de gros riffs bien lourds et martiaux encadrent les couplets dans lesquels Chris Harms minaude juste ce qu'il faut avant de faire sa grosse voix lors de refrains accrocheurs, directs, efficaces. Drag Me to Hell continue sur cette lancée catchy, confirmant l'orientation plus heavy de LORD OF THE LOST, sans non plus laisser de coté leur petit coté glam si mignon. Archétype du groupe allemand aux rythmiques carrées, au chant grave, à la prod impeccable et à la panoplie soignée, LORD OF THE LOST continue de produire une musique absolument générique, mais ils le font bien. On a déjà entendu tout ça un million de fois, mais ce début d'album passe tout seul, grâce à son énergie sincère. Avec un coup dans le nez, en soirée, c'est le succès garanti. D'ailleurs, après quelques morceaux plus niais (In Silence, Black Oxide), on a la joie de découvrir Doomsday Disco. Magnifique ! C'est pile ce qui nous manquait, un gros n'importe quoi electro-pouêt-pouêt festif au huitième degré idéal pour faire la danse des canards avec un masque à gaz dans un cimetière.
Alors dit comme ça, Empyrean n'a pas l'air génial. Normal, il ne l'est pas. Il n'en a d'ailleurs probablement pas l'ambition. Mais il faudrait être d'une sacrée mauvaise foi pour ne pas trouver ça divertissant, où apprécier ses velléités orchestrales et ses penchants épiques. Et ce n'est pas la plus mélancolique The Interplay of Life and Death, qui renoue avec les aspirations symphoniques de Swan Symphonies qui viendra nous pourrir notre groove ! D'ailleurs, alors qu'on approche de la fin du voyage, le surréalisme atteint son paroxysme avec Where is All the Love, et son refrain quasi extatique qui ne manquera pas de faire vomir des arcs-en-ciel au public qui, lui aussi, se demandera où a bien pu passer tout l'amour, bordel.

Empyrean est un bon produit, solide, efficace, bien foutu, bien calculé par des artisans sérieux. Rien de plus, mais rien de moins non plus. Et un bon produit, pour finir l'été, c'est déjà pas mal. L'album plaira aux amateurs du OOMPH! actuel, des DEATHSTARS, voire carrément de LORDI. Et si c'est pour continuer à nous sortir des disques aussi sympathiquement insipides mais plaisants tous les six mois, on souhaite à LORD OF THE LOST tout le bonheur du monde, ils ne font de mal à personne.