Chronique | Lacuna Coil - Delirium

Julien 29 juillet 2016

La sortie d’un nouvel album de LACUNA COIL suscite deux réactions différentes au sein des fans du groupe. D’un côté, il y a ceux qui regrettent les morceaux lents et atmosphériques des premiers opus et qui espèrent à chaque nouvelle sortie un retour aux sources en rabâchant que « c’était mieux avant ». Et il y a ceux qui ont accepté le virage musical pris par le groupe depuis Karmacode en proposant un metal plus agressif et rythmé. Personnellement, je fais partie de la deuxième catégorie et j’ai donc, comme à chaque fois, accueilli ce nouvel album, baptisé Delirium, avec un engouement certain. Il est peu dire que j’ai été une fois de plus très agréablement surpris par la qualité de chaque morceau livré ici par le groupe.

L’album ouvre sur The House of Shame et ce qu’on peut dire au bout d’une minute d’écoute, c’est que ça décoiffe. Le premier couplet pose la voix d’un Andrea Ferro énervé comme jamais sur une rythmique à la limite du metalcore à laquelle le groupe ne nous avait pas habitué. C’est violent, c’est sombre. Le morceau est d’autant plus sublimé lorsque la voix cristalline de Cristina Scabbia vient casser cette noirceur et donne au titre une dimension épique.
Le second morceau, Broken Things, reprend une construction plus classique en alternant les voix des deux chanteurs pour proposer deux ambiances différentes au sein d’une même chanson. Le refrain est efficace et rentre très vite dans la tête.
Le titre Delirium, qui a donné son nom à l’album, reste lui aussi assez classique dans la forme tout en étant terriblement accrocheur avec son gimmik teinté de chant oriental.
Bien que reposant sur une structure assez proche de ce que le groupe fait depuis Karmacode, on note que chaque morceau entendu jusqu’ici a bénéficié d’une attention particulière pour mettre la barre plus haut et atteindre la perfection. La batterie est par exemple plus présente et le duo drum/bass sur les couplets des titres les plus rapides fonctionne totalement.
Le quatrième morceau, Blood, Tears, Dust, vient confirmer ce constat et, à l’instar de The House of Shame, confronte le voix grave d’Andrea au chant angélique de Cristina pour transmettre une émotion sans pareille.
On se repose légèrement avec le morceau Downfall et son tempo bien plus lent. Chaque album du groupe a droit à sa balade lancinante et celui-ci n’y échappe donc pas. 
You Love Me ‘Cause I Hate You, autre titre en mid-tempo, inverse les rôles et pose le chant de Cristina sur les couplets et le screaming d’Andrea sur le refrain pour proposer une chanson assez proche des premières compositions du groupe, avec une ambiance très sombre et mélancolique.
Ces changements de rythmes sont les bienvenus et permettent de donner à l’auditeur quelques minutes de répit avant de repartir sur des compositions sans cesse plus noires et agressives.
Petite nouveauté, des solos de guitare font leur apparition par endroit et complètent avec merveille des compositions déjà superbement menées. C’est par exemple le cas sur Claustrophobia, mon titre préféré, et ces quelques secondes de solo sont un véritable bonheur.

Loin de se reposer sur ces lauriers, LACUNA COIL nous livre avec Delirium un album excellent en tout point et qui montre que le groupe en a encore sous le capot. Tout y est ici sublimé, que ce soit le rugissement féroce d’Andrea Ferro bien plus présent ou le chant de Cristina Scabbia, toujours parfait. Malgré plus de 20 ans de carrière, le groupe continue à prendre des risques et cela est payant.