Chronique | Human - Human

Pierre Sopor 18 janvier 2019

Fondé en 2018 par Franck Ligabue, un des membres fondateurs de SOROR DOLOROSA où il a occupé le poste de guitariste puis de batteur, HUMAN a sorti un premier album éponyme la même année sur le label Icy Cold Records. Seul au départ, il s'est progressivement entourés de musiciens pour assurer les concerts mais aussi commencer déjà à travailler sur la suite. En attendant, Human est donc notre premier contact avec cet univers qui traite de la nature humaine, comme prévient tout simplement l'artiste.

Forcément, l'ADN ça ne ment pas. Et dès Last Exit Before the Crash, HUMAN ne saurait cacher l'hérédité de SOROR DOLOROSA, dont on retrouve à la fois l'élégance et la mélancolie. Pourtant, si les influences cold wave restent, ce que propose Franck Ligabue est aussi très différent de son illustre autre groupe : HUMAN est plus rock, plus frontal, plus immédiat. Comme un moyen de mettre l'humain en avant, la première chose que l'on remarque à l'écoute de l'album est ce chant, grave et plaintif, qui lance Last Exit Before the Crash avant que les autres instruments ne prennent le relais et nous guident au travers de ce premier morceau. Le rythme soutenu et la mélodie nous attrapent et ne nous lâchent plus, même quand les guitares deviennent plus lourdes et le chant plus menaçant. C'est sombre, beau mais aussi très nuancé et sensible. Plus anxiogène, Feeding the Ocean et sa basse tortueuse nous tire toujours plus loin dans l'univers de HUMAN, que l'on devine forcément intérieur. L'introspection se fait plus légère et romantique avec Quai des Etroits sans ne jamais s'affranchir entièrement des tourments qui hantent cet album ni de ce sens de la mélodie qui fait mouche, ce petit groove irrésistible sur les refrains. Human est un album rempli d'un spleen constant, dont la lourdeur des guitares de The Wheel et leurs lamentations gothiques sur Hypnopobia mettent en avant les angoisses. Et puis il y a ces moments où les ténèbres si séduisantes sont, disons-le, vraiment trop cool. Cage the Monster et ses vociférations murmurées en fin de morceau est un exemple, mais ce final sur Breakin'Up the Shackles qui respire la vie et conclut sur une note qu'on oserait presque qualifier d'optimiste nous rappelle qu'être humain c'est peut-être mourir chaque jour un peu plus, mais c'est surtout être vivant.

Avec sa prod irréprochable, ses compositions soignées et un sens du rythme toujours pertinent et accrocheur, Human est un premier album varié dont l'écoute flatte l'oreille. Le rock gothique de HUMAN est élégant, sombre, entraînant, intense et subtil. Le groupe, tout récent, gagne à être connu et avec un deuxième album déjà en tête et plusieurs dates de prévues, il y a fort à parier qu'on en reparlera.