Chronique | Ho99o9 - Skin

Pierre Sopor 11 mars 2022

HO99O9 est en ébullition constante et enchaîne les EPs, mixtapes et autres singles au point qu'il est difficile de savoir exactement comment ranger Skin. Officiellement, il s'agit du second album après United States of Horror sorti cinq ans plus tôt. Le mélange de punk, de rap, de metal et d'indus / noise ne s'est en aucun cas adouci au fil des sorties et cela n'empêche en rien la popularité du duo de littéralement exploser.

HO99O9 est une bombe, une tornade d'énergie inarrêtable. Ils hurlent, ils sautent, ils se roulent par terre, ils arrachent leurs fringues : les voir en live, c'est comprendre la puissance et la folie du projet, probablement ce qu'on a vu de plus punk depuis des années. Est-ce anodin s'il s'agit d'un groupe de rap ? Avec Skin, les deux furieux se préparent à passer un nouveau cap. La production est assurée par Travis Baker (rassurez-vous, c'est moins niais que BLINK-182) et quelques guests prestigieux viennent donner de la voix. On est tétanisé par Corey Taylor sur Bite Your Face, plus hargneux que dans les derniers SLIPKNOT, ou on apprécie la parenthèse apportée par les mots posés par le sage Saul Williams sur Skinhead, tentative de tempérer l'ardeur monstrueuse de HO99O9.

Pour le reste, HO99O9 est effectivement un monstre affamé, qui vocifère, éructe, crache sa rage. Les titres sont des shots d'adrénaline courts et déchainés. Battery Not Included, Protect My Bitch Pt. 2, The World, the Flesh, The Devil : ça cogne, ça scande, ça incante des trucs bizarres avec fougue, tout en laissant une belle part au crade inquiétant et au sinistre (Slo Bread, ou les couplets du début de Dead or Asleep, magistral final en crescendo à la batterie assassine et aux machines hantées). Les guitares viennent nous racler le fond du bide sans démonstration de technicité, juste une nouvelle expression explosive d'éclats rageurs, parfois utilisées de manière dissonante.

Alors, émoussés les HO99O9 ? Certainement pas. S'il y a fatigue, à la rigueur, c'est du côté de l'auditeur, assommé par la violence de l'assaut. La courte durée de Skin en est finalement une force, plus long aurait peut-être été de trop. Pour le reste, la pile ne se décharge pas. L'album est un carnage en règle et installe le duo au sommet des hybrides rap-metal-indus énervés grâce à sa puissance viscérale, sa frontalité et sa spontanéité sincère et dangereuse qui transpire de chaque notes, chaque cri.