Chronique | Gary Numan - Intruder

Pierre Sopor 11 juin 2021

Ponctuel, GARY NUMAN est de retour quatre ans après Savage (Songs From a Broken World), Intruder creuse le même filon post-apocalyptique et écolo. Cette fois-ci le message est clair : nous sommes des intrus et notre anéantissement est l'unique chance de salut pour notre planète dont Numan se fait ici la voix.

Musicalement, ce n'est pas avec Intruder que Gary sera un homme neuf. Ce nouvel album continue sur la lancée des albums récents du britannique qui ne chamboule pas sa recette. Les mélodies orientales épicent toujours son rock industriel alors que des choeurs renforcent des refrains toujours aussi accrocheurs. Le ton a beau être mélancolique et le chant souvent plaintif, Intruder sait aussi montrer les crocs le temps de morceaux plus musclés à l'énergie bienvenue (The Gift, The Chosen). Derrière ses hymnes aux consonances pop où l'on pense évidemment à DEPECHE MODE, NINE INCH NAILS, parfois Bowie mais, surtout, à Gary Numan, la menace gronde. En adoptant le point de vue de notre planète, s'inspirant d'un poème écrit par sa fille, l'artiste n'y va pas avec le dos de la cuillère : le morceau-titre, Betrayed ou I Am Screaming expriment toute sa misanthropie et son désespoir. Tout cela a fort belle allure et on se laisse facilement emporter par les mélodies et atmosphères des morceaux, jusqu'aux funèbres humeurs de The End of Dragon et When You Fall dont les dernières notes nous hantent comme autant de sinistres présages. 

Avec Intruder, Gary Numan continue son bout de chemin. Pas de révolution sous le soleil, mais un propos qui s'approfondit et une musique toujours aussi maitrisée, élégante et puissante qui, sans se renouveler, ne tourne pas non plus en rond. Numan, fidèle à son ADN, continue d'avancer avec son temps, et ce malgré son dégoût manifeste pour notre espèce.