Chronique | Deinonychus - Ode to Acts of Murder, Dystopia and Suicide

Spoon 4 février 2018

On ne l'attendait plus et pourtant, plus de dix ans après Warfare Machine, DEINONYCHUS nous ressort ses atmosphères très pessimistes, aux compositions fortement influencées par Nietzsche. Le nihilisme est omniprésent dans l'inspiration du principal compositeur néerlandais Marco Kehren, également derrière le projet de dark ambient NIHIL NOVI SUB SOLE. Avec Ode to Acts of Murder, Dystopia and Suicide, on s'enfonce encore un peu plus dans nihilisme interprété à son paroxysme et représenté à travers un visuel contrasté de noir et gris, au travers d'un visage usé et fatigué par l'humanité.

Neuvième album du groupe en un peu plus de vingt ans, le dinosaure a évolué d'un raw black metal rudimentaire à des productions plus lourdes, où le groupe s'est finalement trouvé une identité sur une musique tendant à tirer vers le doom pour son rythme relativement lent. L'ambiance est néanmoins restée la même : la guerre, mais pas en tant que vulgaire échange de coups de feu. DEINONYCHUS la retranscrit dans ses heures les plus sombres, les horreurs où l'imagination a été repoussée dans ses plus sombres retranchements. Dead Horse se déchire en un ultime souffle s'extirpant des entrailles des morts pleurés sur Buried Under The Frangipanis, causés par les démons de Dusk qui nous exhortent à repousser les limites de l'éthique.

Mais il faut bien tôt ou tard répondre de nos actes. L'horreur est ubiquiste dans cette musique qui nous harasse, nous exhortant à se désabuser. DEINONYCHUS ne se contente pas de se morfondre, le groupe hurle son dégout au monde. Sur une ambiance mélancolique créée par la mélodie et par delà les instruments, For This I Silent You déchaîne toute sa frustration au même titre que There Is No Eden, où l'on retrouve le riff si propre aux néerlandais, presque déphasé avec le temps et notamment avec le chant mélancolique lent et écorché comme narrateur à cette ode au nihilisme. Enfin, Silhouette recrache tout le dépit accumulé sur l'ensemble de l'album entre des phases de colère et de chagrin.

Véritable édifice nietzschéen, Ode to Acts of Murder, Dystopia and Suicide n'est que le testament de l'humanité, où nous ne somme plus que l'ombre de nous même, attendant la subite Life Taker qui arrive comme la mort, de façon soudaine et totalement inattendu et nous emmène dans une spirale dépressive qu'est ce requiem.