Chronique | Dawn of Ashes - Scars of the Broken

Pierre Sopor 11 mars 2022

Les Californiens de DAWN OF ASHES poursuivent leur route à grand coup de sorties fréquentes (les deux derniers albums datent de 2019 et 2020) sans que la qualité ne faiblisse. Au contraire, après être passé par diverses phases (l'electro dark des débuts avait muté vers le black metal symphonique), DAWN OF ASHES semble s'être stabilisé en trouvant un équilibre entre ses diverses inspirations, proposant un metal industriel noir et malsain au climat horrifique.

Scars of the Broken arrive donc fort de cet héritage et, bien qu'étant dans la lignée de ce que l'on connaît, se démarque de ses prédécesseurs. Exit la grandiloquence joyeusement blasphématoire et un tantinet kitch, DAWN OF ASHES broie du noir et le ton est nettement plus dépressif : désespoir palpable, rythmiques pesantes... Love is Asphyxiation plante les bases d'un album sur la maladie mentale, et sur les gens brisés par les épreuves de la vie et portant les cicatrices du titre. Les nappes de synthés sont plus mélancoliques, le chant de Kristof Bathory plus profond et caverneux, éclairci uniquement par la détresse. Adieu les outrances bravaches, DAWN OF ASHES fait presque profil bas, joue la retenue, ménage des plages atmosphériques plus introspectives. Cela n'interdit pas les passages rentre-dedans, comme les explosions rageuses d'EMDR entre deux samples inquiétants, ni la noirceur la plus effrayante (It Comes In Waves, écrasante mais toujours écorchée), ni quelques envolées théâtrales (Turn in Shallow). L'émotion est à fleur de peau (le refrain de Bane of Your Existence est sans doute ce que le groupe a fait de plus poignant) et l'ensemble est toujours d'inspirations variées. DAWN OF ASHES surprend avec son approche plus intime. Son électronique sombre et malsaine à base de beats poisseux et de nappes déprimées évoque plus SKINNY PUPPY que les frasques tapageuses de la scène dark electro des années 2000, le tout recouvert d'une bonne couche de gros riffs gras et de borborygmes gutturaux.

Bien que restant musicalement dans la continuité de ce que proposait DAWN OF ASHES dernièrement, Scars of the Broken nous présente une facette plus amère du groupe, plus dépressive. Les côté plus funs et ludiques ont disparu pour laisser place à un brouillard pesant et plombant et une réelle noirceur que l'on n'attendait pas. L'album est hantée par une âme en peine qui lui confère sa force et son identité et confirme la montée en puissance du groupe ces dernières années.