Chronique | Ceephax - Camelot Arcade

VerdamMnis 21 avril 2018 U+06e9

Ceephax, ou Ceephax Acid Crew, de son vrai nom Andy Jenkinson (et frère de Squarepusher) fait partie de ces artistes de la scène électronique qui n’ont plus rien à prouver, n’en ont au passage probablement jamais rien eu à faire, et continuent à créer dans leur univers aussi singulier soit-il, album après album. Ce dernier opus, Camelot Arcade n’échappe pas à la règle et s’inscrit totalement dans l’œuvre de son créateur, alliant Acid mélodique et instant d’IDM plus alambiqués sous fond de visuel volontairement cheap et farfelu.

La première partie de l’album (qui se divise en 3 vinyles pour sa version physique) se compose majoritairement de morceaux aux allures de comptines électroniques simples, voir simplistes au premier abord (que cela soit pour Trusthouse Forte, Camelot Escalator ou Shadowphax Part I, ces morceaux sont basés sur un synthé ou une ligne de basse tournant en boucle) mais que l’habillage musical rend particulièrement habiles et plaisant. Mention spéciale à l’intro du morceau Life Started Tomorrow qui ouvre un des morceaux les plus longs (9 minutes) et les mieux construits de l’album.

La suite de l’album devient beaucoup plus entrainante et lumineuse, en témoigne le très joyeux Creon Happy, jouant la carte du contraste total avec le morceau précédent. On notera également la maestria de Path To The None, qui en plus d’être un des meilleurs morceaux de cet opus, se permet de manière minimaliste d’être un morceau dansant et mélancolique usant pourtant des mêmes instruments que la musique d’ordinaire si enjouée de son artiste. Le très chill Phraxby et Hovagen, plus industriel, apportent leur instant de détente dans ce voyage musical de plus en plus varié et surprenant.

Le dernier acte de cet album s’ouvre sur un morceau résolument techno, The Green Night, qui ne s’empêche pas de placer quelques harmonies synthétiques par-dessus sa basse pesante caractéristique du genre. Wasteline 389, que l’on pourrait qualifier de proto synthwave n’est pas en reste avec son aura retro futuriste ; mais ce morceau est totalement éclipsé par la seconde perle de cet album, The Great Greatsby, ballade éthérée survolant le reste de l’album par ses harmonies et la beauté de ses synthés. Après un tel morceau difficile de penser que Camelot Arcade puisse encore nous surprendre, c’est sans penser au final, Yodecahedron, qui, faisant suite au bon mais oubliable Shadowphax Part II, offre une conclusion IDM, lorgnant sur du breakcore, à cet album, tranchant par la même totalement avec le reste de l’opus.

Avec cet album, Ceephax (Acid Crew) se permet une œuvre plus teintée de mélancolie et profondeur tout en restant fidèle à son univers musical. Il contient de fait les qualités d’un artiste au style bien imposé qui sait encore et encore se renouveler, mais aussi les défauts d’un tel artiste à qui on pourrait reprocher de se reposer sur son style. Une chose est cependant sure, on attend avec impatience la prochaine quête du chevalier Ceephax.