Chronique | Camouflage - Greyscale

Cécile Hautefeuille 27 mars 2017

Les rois allemands de la Synthpop CAMOUFLAGE avaient beau se produire en festival régulièrement, ils n’avaient pour autant pas sorti de nouveaux morceaux depuis neuf ans. Une longue attente qui fit monter les exigences chaque année un peu plus. Nous en attendions beaucoup de ce groupe mythique, formé en 1984, qui n’a jamais réussi à renouveler l’exploit de 'The Great Commandment'. A l’époque, ils sont déjà considérés comme les DEPECHE MODE allemands, une étiquette qui va leur coller à la peau jusqu’à aujourd’hui. Mais qui s’en plaindrait, au pays où DEPECHE MODE vend le plus de disques. Un vivier de fans, il y en a. Avec ‘Greyscale’, c’était l’occasion de s’affranchir de ces codes éculés, de refaire un tube planétaire, de faire mentir ceux qui affirment que la scène est morte, partagée entre ces vieux chanteurs des années 1980 qui rechantent toujours les mêmes tubes et ces petits jeunes qui ne font qu’appuyer sur une touche et secouer la tête dans le seul but de conclure avec des groupies. Cette réputation, fondée ou non, se doit d’être démentie, malmenée, par des artistes toujours plus créatifs et vigoureux. Et ainsi naquit ‘Greyscale’. « L’album de l’année ». « Ce qui ressemble le plus à un chef d’oeuvre ». Les critiques sont unanimes. Une question : avons-nous écouté le même album, chers critiques ? ‘Greyscale’ est un best of re-sucé de tout ce qu’a déjà offert le groupe. C’est mollasson, c’est sirupeux, c’est du déjà vu, déjà entendu. ‘Shine’, premier single et ouverture du disque, ressemble trait pour trait, son pour son à DEPECHE MODE. Les percussions et les choeurs rendent presque la comparaison impossible. Pourtant DEPECHE MODE ne nous a pas offert de bon opus depuis bien des années. À croire qu’ils les suivent même dans les mauvaises idées. Les titres s’enchaînent sans se différencier. Le featuring avec Peter Heppner ‘Count on Me’ relève péniblement le niveau. On ne peut pas dire que ‘Greyscale’ fasse mal aux oreilles, mais plutôt qu’il forme un disque d’ambiance, sans variation, à mettre en voiture lors des longs trajets en famille pour contenter tout le monde. Le style rejoint tout à fait ce que l’on appelle en allemand « Schlager », « des airs faciles à retenir, répétitifs, très rythmés et harmonieux, aux paroles simples, dans un registre humoristique ou sentimental » d’après wikipedia (je vous invite à lire l’article en entier). Le morceau le plus représentatif de ce courant serait sur ‘Greyscale’ le titre ‘If...’ dont le refrain ferait trembler toutes les jeunes filles de 12 ans : « I know if you want me – The way that I want you – I know if you need me – The way that I need you – And if this is love – I love you too ». Sans commentaire. Avec ‘Leave Your Room Behind’, ‘If...’ s’approcherait le plus d’un concert Disney Channel. Mais ne soyons pas si catégorique. C’est oublier le talent de Heiko Maile, compositeur du groupe. A présent connu pour ses musiques de films, il est à l’origine des instrumentales ‘Greyscale’, ‘Light Grey’ et ‘Dark Grey’, des titres futuristes, atmosphériques, apaisants, à la sauce un peu VANGELIS. ‘Misery’, quant à lui, est le seul titre pêchu de l’album. Le reste demeure anecdotique. N’oubliez pas, amis amateurs de musique : un critique qui blâme, c’est d’abord un fan déçu.