Chronique | BattiBatt - Virago

Pierre Sopor 21 avril 2021

BatiBatt est apparue sur nos radars l'an dernier avec deux singles dévastateurs d'une méchanceté viscérale et jouissive. Il ne nous en fallait pas plus pour attendre de pied ferme un premier album produit par Lo Key, compagnon de l'artiste et figure majeure de l'horrorcore qui ne boude pas non plus son plaisir quand il s'agit de faire du bruit très fort avec des guitares. Planquez les trucs fragiles autour de vous pour éviter la casse, Virago est sorti.

Autant bien faire les choses et nous sauter à la gorge d'entrée avec LIES, un des deux morceaux qui nous avait fait découvrir BatiBatt. On ne va pas tourner autour du pot 107 ans, ça tabasse fort et sans faire de prisonnier. Il est difficile de ranger BatiBatt dans un bac précis, mais si vous avez écouté les compos de KING YOSEF et son mélange trap-metal-industriel, vous avez une vague idée de la bête, qui copine également avec le turbulent KIDCRUSHER. On y crie, on y cogne, on y scande des paroles agressives sur fond de riffs poids lourd (Social Mediocre, va falloir manger de la salade après ça, et avec une paille).

Virago n'est pourtant pas qu'une tornade de parpaings et le rythme ralentit occasionnellement, s'éloignant d'ailleurs radicalement de l'intense violence du metal. Si Decay donne l'impression d'être une transition mélancolique dispensable, l'ambiance horrifique de Unhinge avec Lo Key en guest est des plus convaincantes, avec ses beuglements qui chopent aux tripes et les foutent en vrac. C'est dans ce registre que BatiBatt est la meilleure : la violence décomplexée, outrancière, tellement too-much, démesurée et clinquante que c'en est satisfaisant (Blood Rain).

Sur son premier album, on sent que BatiBatt s'est amusée. Il y a probablement un peu de tout ce qu'elle aime : la frénésie hardcore de Vile Vixen, les vociférations bestiales de Confide, des déviances électroniques, des refrains en voix claire à la douceur plus inquiétante qu'autre chose et des riffs sauvages. C'est parfois un peu maladroit dans ce côté généreux et fourre-tout qui gagnerait à être canalisé mais, pour peu que l'on se laisse prendre au jeu, Virago est un premier album diaboliquement fun qui ne se soucie ni du bon goût ni des voisins.