Moaan Exis + Jean-Paul + Tilly Electronics @ Atomic Cat - Paris (75) - 23 juin 2023

Live Report | Moaan Exis + Jean-Paul + Tilly Electronics @ Atomic Cat - Paris (75) - 23 juin 2023

Pierre Sopor 26 juin 2023 Pierre Sopor

Avec sa chouette déco post-apo / cyberpunk et sa petite scène certes modeste mais avec un son franchement acceptable, l'Atomic Cat est devenu un lieu incontournable. Moaan Exis y était de retour : le duo techno-indus était à l'affiche du tout premier concert à l'Atomic Cat il y a bientôt deux ans (souvenirs), on les retrouve pour cette soirée à nouveau organisé par la Dead Tracks Team. Le programme est d'ailleurs surprenant : non seulement les univers proposés sont radicalement différents mais ce qui semble être la tête d'affiche, à en juger en tout cas par l'affluence et la taille du nom sur le flyer, joue en premier.

MOAAN EXIS

C'est donc face à un public pas encore tout à fait en jambe que Moaan Exis attaque son set dans les ombres mystérieuses de Witness. La performance est bien rodée : à la batterie, Xavier Guionie (Punish Yourself) cogne comme s'il essayait de provoquer un séisme à chaque impact pendant que Mathieu Caudron donne tout ce qu'il a pour remuer un public encore un brin timide (c'est qu'on n'a pas eu le temps de descendre assez de pintes). Moaan Exis est toujours aussi explosif sur scène, même dans des conditions minimalistes finalement assez confortable : ils ont leurs propres lumières histoire d'assurer une immersion dans leur petit monde cyberpunk agressif et le son est étonnamment bien meilleur qu'au Réacteur d'Issy-les-Moulineaux où nous les avions vus à l'automne dernier. Entre les assauts rageurs techno-indus, on apprécie les passages plus atmosphériques évocateurs et cinématographiques qui tutoient le mystique, mais on savoure aussi la façon dont les percussions particulièrement organiques viennent nous marteler les tympans. Le son, métallique, est profondément industriel mais, dans sa répétitivité hypnotique, ne perd pas ce côté tribal que Moaan Exis a toujours eu depuis ses premiers travaux uniquement instrumentaux. C'était très intense et étonnamment drôle aussi grâce à la complicité qu'installe Mathieu Caudron avec sa générosité et son énergie.

JEAN-PAUL

Le changement d'ambiance est aussi extrême que surprenant. La violence de la techno industrielle de Moaan Exis laisse place à Jean-Paul sous d'immuables spots bleus. La description du duo en dit long : Nantes, été 2021, après 10 ans d'amitié, de boire, de déboires et autres Nursery, Jean et Paul se décident à devenir Jean-Paul. Qui est Jean, qui est Paul ? Pour le savoir, il faut regarder les doigts des deux musiciens. Musicalement, on se retrouve bercés par une musique électronique aussi gentille que bienveillante aux accents pop et nostalgiques. C'est mignon, quelques petites secousses se font parfois sentir sur quelques influences gentiment punk ou new-wave que l'on croit deviner ici ou là ou lors d'un titre instrumental assez hypnotique. Après les mandales du set précédent, celui de Jean-Paul arrive comme un pansement, un câlin réconfortant doux-amer qui vient réconforter le public.

TILLY ELECTRONICS

Nouveau groupe, nouveau changement d'atmosphère. Décidément, du côté de la Dead Tracks Team, on aime l'imprévu, la variété, les grands écarts. Les deux aliens de Tilly Electronics, anonymisés par leurs costumes et noms de scène (Anyone et Anybody) attaquent leur set synthpop minimaliste décalé. Ils se collent l'étiquette de "glitter dance wave", on comprend l'idée. Tilly Electronics capte l'attention avec son visuel mais aussi son univers absurde, entre kitch chatoyant embrassé pleinement et attitudes de diva paumée sur la mauvaise planète. C'est forcément très amusant et la communication généreuse de la chanteuse (allez savoir si c'est Anyone ou Anybody, eux n'ont pas leurs noms inscrits sur leurs doigts !) assure le show entre les morceaux. En fin de soirée, ça passe très bien : le public a eu le temps de se chauffer (ou de se rafraichir au bar, c'est selon) et se prend facilement au jeu et réserve au duo un bel accueil. Pour ce dernier concert à l'Atomic Cat, l'humeur était donc à la danse, qu'elle soit violente et tribale, douce et nostalgique ou pleine de paillettes.