Chronique | Welle: Erdball - ich rette dich!

Cécile Hautefeuille 14 novembre 2014

Moins d’un an après leur dernier album Tanzmusik für Roboter, les pionniers du bitpop allemand WELLE: ERDBALL nous offrent un nouvel EP, Ich rette dich!, dont la sortie est prévue pour le 14 novembre 2014. Rappelons que la tournée 2013 fut troublée par le départ soudain du groupe de Fräulein Plastique, retardant de plusieurs mois la sortie de Tanzmusik für Roboter qui dut être entièrement réenregistré par sa remplaçante, Lady Lila. L’album fut quelque peu boudé par les fans de Plastique et il fallut donc créer un nouveau son libéré du fantôme de l’ex-membre. Pari tenu avec Ich rette dich!, qui révèle une nouvelle facette du groupe. Pas d’inquiétude pour les fidèles, le son WELLE: ERDBALL est toujours présent sur la plupart des titres, à l’instar de la balade Das Radio, Das Ohr der Welt et de Die Wahrheit qui fait appel au cinquième membre du groupe, le fameux Commodore 64. Mais l’opus ouvre également les portes d’un nouveau monde. Bien que le groupe se garde de ce terme, Ich rette dich! qui entame l’EP est à coup sûr leur prochain tube. Le morceau entraîne quiconque sur la piste de danse et sa mélodie reste en tête indéfiniment. WELLE: ERDBALL exploite ici les capacités de leur nouvelle chanteuse : un timbre grave, agressif, pêchu, qui donne tout son dynamisme au titre. Rien à voir avec l’univers sucré et la légèreté de Plastique, Lady Lila entre en force par la grande porte. Malheureusement, il n’y a guère que ce titre qui mette en valeur son potentiel. La demoiselle a quelques faiblesses vocales qui ne passent pas inaperçues, notamment sur Der Türspion. Sa voix de poitrine est souvent forcée et entraîne des problèmes de placement et quelques notes approximatives. Arrivée en voix de tête, la chanteuse nasalise à outrance, ce qui n’est pas très heureux. Néanmoins, WELLE: ERDBALL n’a jamais cherché la prouesse vocale chez ses « Moderatorinnen », mais un timbre particulier qui s’accorde avec leur univers décalé. Spielt mit der Welt et Ich will vergessen sont les deux ovnis de cet EP. On retrouve bien sûr l’identité sonore du groupe, mais les effets utilisés étaient jusqu’ici absents de leur discographie. Habituellement influencé par les rythmes du Minimal et de la Neue Deutsche Welle et les sons des chiptunes (80’s), WELLE: ERDBALL s’aventure cette fois dans les 90’s et 00’s d’inspiration eurodance et trance. Un tempo à 150bpm en moyenne et des effets gate et stutter rendent les deux titres plus spatiaux et tranchants, s’éloignant de l’atmosphère bonbon qu’on leur connaît. Le remix de Ich rette dich! réalisé par MASSIV IN MENSCH enfonce le couteau dans la plaie en remodelant le titre avec un son industriel très inhabituel pour le groupe. La tentative est belle, bien qu’elle mette en évidence les faiblesses de Lady Lila. Enfin, depuis Der Kalte Krieg (2011), qui dit WELLE: ERDBALL dit reprise. Cette fois-ci, c’est une cover de RHEINGOLD, FanFanFanatisch (1982), délivrée avec brio, dans un son typique des vieux WELLE: ERDBALL. Pour les fans du groupe, cet opus est incontournable car il marque un tournant musical. Pour les autres, six des huit titres se révèlent dispensables ; mais pour les deux perles qui restent, n’oubliez pas que WELLE: ERDBALL ne fait jamais apparaître sur ses albums les morceaux des EPs. La pochette, une pub des 50’s détournée, est un must-have à elle seule.