Chronique | The Vision Bleak - The Unknown

Pierre Sopor 22 juillet 2016

Et re-voilà THE VISION BLEAK... Trois ans depuis le sympathique mais un peu poussif Witching Hour, le duo revient donc nous ensorceler avec son metal gothique, plein de fantômes, de loups-garous, de ruines et de dieux très anciens endormis sous les flots. Et la première chose que l'on remarque avec The Unknown, c'est son artwork magnifique, qui, déjà, nous invite dans l'univers hanté des deux allemands. Un détail, peut-être, mais qui a son importance à une époque où le dématérialisé domine, THE VISION BLEAK soigne l'objet. Mais même la plus belle des pochettes ne sera pas suffisante pour satisfaire notre soif, et c'est avec sa musique que le duo doit convaincre.

Spirits of the Dead, qui ouvre The Unknown, provoque d'emblée ce frisson caractéristique des débuts d'album du groupe, habitué à soigner ses introductions. Avec ses percussions sourdes et ses quelques mots presque récités, cette entrée en matière proche de l'incantation nous plonge dans l'univers funèbre de THE VISION BLEAK. Avec From Wolf to Peacock, le duo alterne entre des riffs acérés accompagnés d'un chant clair et tout en retenu et des passages plus mélodieux, où le chant se mue en quelques mots grognés ici ou là. L'importance des guitares, l'alternance du chant et la tonalité pesante générale du morceau invoquent des références proches d'un doom à la PARADISE LOST, élégant et séduisant. Impression qui se confirme avec The Kindred of Sunset, bien que le morceau s'approche des titres les plus mémorables du groupe avec son rythme plus soutenu et ses refrains accrocheurs qui restent en tête. TTHE VISION BLEAK puise son inspiration dans le bestiaire fantastique gothique classique et le cinéma d'horreur, on le sait. Mais le groupe est aussi fasciné par l'inconnu, l'exotisme victorien, source de fantasmes et de cauchemars, comme l'évoquait Set Sails to Mystery. Il y a dans Into the Unknown cette invitation au voyage vers des contrées sombres, inconnues. Moment fort de l'album, ce morceau marque les esprits avec son refrain exaltant et sa charge mélancolique. Mélancolie que l'on retrouve plus tard, dans The Whine of the Cemetery Hound ou encore l'envoûtante How Deep Lies Tartaros ?, deux morceaux sur lesquels l'influence de PARADISE LOST plane de manière évidente. Et puis, entre ces morceaux plus lents et ceux plus enlevés (The Ghost In Me et son ambiance de maison hantée), on a le plaisir de retrouver avec Ancient Heart un morceau qui semble empreint de magie noire et qui sonne comme une invocation rituelle d'une chose lovecraftienne qu'il aurait mieux fallu laisser dormir...

The Unknown n'est pas une succession d'hymnes fédérateurs au rythme enlevé comme pouvaient l'être les anciens albums de THE VISION BLEAK. Le tempo est plus lent, l'ambiance plus pesante, la mélancolie plus présente. Le disque évoque plus le deuil que la fête foraine, et, au fur et à mesure des écoutes, ses mélodies et ses ambiances reviennent nous hanter et il se révèle aussi riche qu'addictif.